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Hémagglutinine, vilaine virale

Chaque jour de l’été, sans prétention, «Le Temps» déguste un mot de la langue française

Tenons-nous sur nos gardes! Comme si la crise économique ne suffisait pas à miner l’ambiance, voici qu’une nouvelle grippe menace le monde. Dans l’actualité ­récente, ce virus dit A(H1N1) erre comme un fantôme derrière les gros titres, au fond de la scène, prêt à bondir. Alors que sa virulence semblait s’atténuer, le ministre anglais de la Santé se faisait récemment sinistre visionnaire, en prédisant la contamination de 100 000 personnes par jour dans son pays au mois d’août.

L’épidémie nous amène à l’hémagglutinine, un mot rigolo, désignant cependant une réalité moléculaire peu sympathique. C’est une protéine – une glycoprotéine antigénique, dans sa définition précise – qui, présente à la surface du virus de la grippe, lui permet de se fixer sur une cellule hôte. Il y a alors fusion, la coque du virus s’ouvre, et son matériel génétique s’injecte dans le cytoplasme de son hébergeuse non consentante. Pour le dire crûment, l’hémagglutinine est une garce virale.

On trouve le terme dans les pages du Centre national de référence de l’influenza, basé aux Hôpitaux universitaires de Genève. Ce réseau repère les nouvelles grippes grâce, entre autres, à la méthode de «l’inhibition de l’hémagglutination». Pour sa part, l’OFSP, qui est composé de gens prévoyants, a produit son plan pandémie – 241 pages – et indique, en date du 7 juillet, le nombre de 104 cas de la nouvelle grippe en Suisse, 94 512 dans le monde. Sur nos gardes, donc.

Chaque jour de l’été, sans prétention, «Le Temps» déguste un mot de la langue française.