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Pourquoi la «question femme» restera marginale le 16 septembre

Les Femmes libérales-radicales invitent leur parti à présenter de lui-même un ticket mixte. L’exercice semble surtout constituer un avertissement au PLR

Contre toute attente, les libérales-radicales renoncent à exiger un ticket mixte, comportant les noms d’une candidate et d’un candidat pour l’élection au Conseil fédéral du 16 septembre prochain. Dans un communiqué, les Femmes PLR se contentaient de souligner qu’à leur yeux le parti présente «un grand nombre de personnalités qui jouissent d’une longue expérience et de hautes compétences», et citaient les noms de Martine Brunschwig Graf, Isabelle Moret et Laura Sadis. Seule Martine Brunschwig-Graf a sauté le pas en se lançant dans la course.

20 ans sans représentante

Au placard, les velléités de voir une candidature féminine à la succession de Pascal Couchepin? «Non, l’idée d’un ticket mixte est toujours bien présente», répond la présidente des Femmes PLR, la conseillère d’Etat vaudoise Jacqueline de Quattro. «Mais nous pensons que le geste doit venir des hommes. Raison pour laquelle nous passons le joker au parti, afin qu’il montre sa capacité à présenter un ticket mixte.» Toutefois, précise Jacqueline de Quattro, si le processus de sélection du PLR devait aboutir à des candidatures exclusivement masculines le 10 août, «nous avons obtenu un délai pour présenter une candidature féminine».

Si le message des libérales-radicales semble un brin confus, il n’en constitue pas moins un avertissement à l’égard du PLR, qui n’a plus été représenté par une femme au Conseil fédéral depuis la démission d’Elisabeth Kopp en 1989. Soit depuis vingt ans. Sans oublier, rappellent certains observateurs, que la non-élection de la Bernoise Christine Beerli au profit de l’Appenzellois Hans-Rudolf Merz, en 2003, a laissé des traces au sein d’une partie de la représentation féminine du PLR.

Pas une priorité

Pour les Femmes libérales-radicales, il est donc nécessaire de «rappeler au parti que nous existons», convient la conseillère nationale Marianne Kleiner (PLR/AR). «Cela étant, il n’y a pas d’urgence aujourd’hui. La succession de Hans-Rudolf Merz offre également des opportunités et nous disposons d’une excellente candidature avec la conseillère d’Etat saint-galloise Karin Keller-Sutter. L’important est que le PLR place prochainement une femme au gouvernement. S’il ne le fait pas cette fois-ci, ce sera la prochaine.»

En ce sens, l’analyse de Marianne Kleiner rejoint celle de nombreuses observatrices: pour la première fois depuis plusieurs années, la «question femme» ne figure pas en priorité à l’agenda du 16 septembre. «Certes, l’élection d’une femme serait très positive», commente Etiennette Verrey, la présidente de la Commission fédérale pour les questions féminines. Et historique: pour la première fois depuis 1848, le collège gouvernemental serait ainsi composé d’une majorité de quatre femmes. «Toutefois, poursuit Etiennette Verrey, avec trois ministres et une chancelière de la Confédération, l’élection d’une quatrième conseillère fédérale ne constitue pas une revendication dans l’immédiat.»

Rocades programmées

Elle ne devrait pas non plus, d’ailleurs, constituer un obstacle le 16 septembre, renchérit la sénatrice socialiste Géraldine Savary. Même s’il n’est pas exclu, admet-t-elle, que la perspective d’une majorité de femmes refroidisse l’un ou l’autre membre de l’Assemblée fédérale. «En fin de compte, se réjouit Géraldine Savary, tout cela montre que l’on fait de la politique en fonction des compétences.»

D’autres calculs, notamment les aspirations de futures candidates telles que Karin Keller Sutter, ne risquent-elles pas d’influer sur le vote de cet automne? Pas sûr. Car enfin, rappellent les observatrices, si le gouvernement devait être composé d’une majorité de femmes, cela pourrait bien n’être que pour une courte période. Rien ne dit en effet qu’en 2011 l’ex-UDC Eveline Widmer-Schlumpf, dont le siège est loin d’être garanti, soit réélue par l’Assemblée.

De toute évidence, à Berne, les élus ne se limitent pas à la seule succession de Pascal Couchepin. Ainsi, le camp socialiste envisage de remplacer Moritz Leuenberger, lorsqu’il démissionnera, par une femme alémanique. Tandis que le siège de Micheline Calmy-Rey serait alors repris par un homme romand.