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Le tunnel de Vésenaz, nouvelle controverse à Genève

Les citoyens auront le dernier mot sur une pomme de discorde de l’agglomération franco-valdo-genevoise

A Genève, les oppositions pleuvent contre les projets d’aménagement. La dernière en date s’est concrétisée hier par le dépôt d’un référendum contre la traversée de Vésenaz, dans la commune de Collonge-Bellerive. Plus précisément, contre le crédit complémentaire de 21,8 millions voté par la majorité de droite du Grand Conseil en mai pour financer les travaux de construction du tunnel de Vésenaz. Mené par les Verts, le comité référendaire s’est rendu au bureau des votations muni de 8750 signatures, davantage que les 7000 requises. Si la Chancellerie cantonale les valide, les Genevois auront le dernier mot sur ce conflit qui dure depuis plus de trente ans.

Pas une priorité fédérale

Cette course aux paraphes fait suite au vote du Grand Conseil, qui avait suscité l’ire de la gauche. Le canton a accepté de payer davantage pour ce projet qui prévoit de construire un tunnel de 500 mètres sous le village de Vésenaz, envahi par les pendulaires et les habitants de la périphérie genevoise. Motif de cette décision? Pallier la part que Berne rechigne à donner. Dans le cadre du projet d’agglomération franco-valdo-genevois, le Département fédéral des transports n’avait pas considéré, en décembre 2008, ce projet comme prioritaire. Il l’avait relégué en priorité dite C, c’est-à-dire tenu en réserve jusqu’en 2019. Une décision contestée par le Conseil d’Etat genevois, qui a prié la Confédération de revoir son verdict pour l’inscrire en priorité A.

«Un aspirateur à voitures»

De leur côté, parlement cantonal et autorités de Collonge-Bellerive ont décidé de prendre les devants. «Il faut agir vite», confie Francine de Planta, maire libérale de la commune. «D’abord, le tunnel rendrait service aux habitants de Vésenaz, qui doivent supporter un défilé quotidien de 35 000 voitures. Mais, plus largement, les personnes vivant dans les environs sont concernées: 50 000 personnes bénéficieraient d’une meilleure fluidité du réseau routier», explique-t-elle.

Mais d’autres, à Genève, ne partagent pas du tout cet avis. A la tête des opposants, les Verts. «Il y a réellement un problème à Vésenaz, mais ce tunnel ne résoudrait rien, clame la députée écologiste Emilie Flamand. Il faut diminuer le trafic dans son ensemble, et non sur un petit tronçon de 500 mètres. Cet aspirateur à voitures ne fera qu’augmenter le nombre d’automobilistes qui iront bouchonner les quais.»

Les bonnes solutions sont ailleurs, d’après le comité référendaire, qui compte aussi dans ses rangs la gauche dure et des associations. Selon eux, il faudrait plutôt renforcer les lignes de trolleybus et construire des parkings d’échange à l’entrée du canton. Ou encore assurer la mise en service rapide de la liaison CEVA. Ce qui n’est pas gagné: les opposants à ce projet ont annoncé le lancement d’un référendum. Autant de sujets sur lesquels les Genevois auront le dernier mot.