Henri Cartier-Bresson est décédé en 2004, et aucune véritable rétrospective ne lui a été consacrée en Europe depuis. Le Centre Pompidou, à Paris, entend réparer le tort, avec une exposition de plus de 500 photographies, dessins, films et autres documents. Chronologique et thématique, le parcours s'articule autour des débuts photographiques des années 1925 à 1935 marqués par de grands voyages en Côte d'Ivoire ou au Mexique et une fréquentation des surréalistes, de l'engagement politique de 1936 à 1945 puis de la création de l'agence Magnum, en 1947, avec Robert Capa, David Seymour, William Vandivert et George Rodger.

L'exposition s'achève dans les années 1970, lorsque «l'œil du siècle» abandonne le photoreportage. Ambitieuse, elle entend démontrer que l'œuvre du Français va bien au-delà de «l'instant décisif», toujours associé à son génie du cadrage et du mouvement capturé. «Photographier: c'est retenir son souffle quand toutes nos facultés convergent pour capter la réalité fuyante; c'est alors que la saisie d'une image est une grande joie physique et intellectuelle», écrivait l'artiste d'abord formé à la peinture chez André Lhote.

Les clichés iconiques de Cartier-Bresson sont bien sûr exposés, notamment ceux de la libération de Paris, mais des images plus inédites les accompagnent. L'occasion de redécouvrir un photographe passé dans le patrimoine collectif, mais dont beaucoup ignorent finalement le parcours d'une richesse inouïe.

Légende de l’image: Shanghai, déc. 1948-janv. 1949. Suite à la dévaluation de la monnaie, le Kuomintang distribue 40 gr d’or par personne. Dix malheureux mourront dans les files d’attente.

Photo©Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos