Celle des cyberactivistes de l’opposition qui, depuis plus d’un an, sont parvenus à créer un puissant réseau d’informateurs pour contourner le black-out du pouvoir. En face, une armée de hackers pro régime inonde leurs sites de messages à la gloire du président Bachar el-Assad et spamment les sites des grands médias arabes. Ils ont aussi pris d’assaut les pages Facebook de la Maison blanche, de Barak Obama, du Parlement européen ou de Human Rights Watch.

Le dernier coup de l’armée électronique syrienne – c’est ainsi qu’elle se nomme elle-même – visait le Qatar. Lundi, les cyberactivistes loyalistes ont attaqué le compte Twitter de la chaîne saoudienne al-Arabya pour y répandre des rumeurs sur la famille royale qatarie, laissant croire entre autre que le premier ministre Hamad bin Jassim avait été limogé et sa fille arrêtée à Londres suite à une tentative de putsch.

L’émir du Qatar Hamad bin Khalifa al-Thani, autrefois un ami, est devenu l’un des leaders les plus hostiles au régime syrien à mesure que Bachar el-Assad s’est enfoncé dans sa folie meurtrière. Il se dit prêt aujourd’hui, avec l’Arabie saoudite, à armer l’opposition syrienne. De leur côté, les activistes pro régime nourrissent l’idée que la révolte en Syrie est l’œuvre d’un complot géopolitique des deux monarchies et de leurs alliés qui souhaitent la chute du régime syrien.

Si ces hackers loyalistes ne reçoivent pas d’ordres directs de Damas pour diffuser sa propagande et attaquer les sites de ceux qu’il identifie comme ses ennemis, ils ont au moins le soutien tacite du pouvoir syrien qui, étrangement, a levé la censure de Facebook et YouTube en février 2011, après des années d’interdiction.

En Tunisie et en Egypte, les tentatives du pouvoir de museler internet ont échoué. La guerre de l’information a pris une autre tournure en Syrie, bien plus agressive. Les hackers pro régime sont à la toile ce que les chabihas, ces milices informelles ultra-violentes payées par les autorités pour mâter les manifestants, sont à la rue syrienne. Leur but n’est pas seulement de réduire les opposants au silence, mais de semer la terreur et de manipuler l’information.