C’est un document rare, exceptionnel, presque surréaliste. En 1928, les Jeux de Saint-Moritz ont été immortalisés sur pellicule. Avec deux caméras, Arnold Franck, un spécialiste du montage, a filmé sous différents angles la deuxième olympiade d’hiver et l’Engadine, cette région montagneuse majestueuse qui accueillit 20 nations et 464 athlètes. Le rendu est magnifique. Le noir et blanc sublime les Alpes suisses. Le réalisateur réussit à mettre en scène la neige, s’amuse à la rendre vivante en jouant avec les plans et les contrastes. On se croirait sur un plateau de cinéma. Le Stade blanc, documentaire de 86 minutes, permet de se rendre compte de l’engouement du public pour les Jeux. Les hommes et les femmes, couverts de longs manteaux de fourrure, s’apprêtaient avant d’aller s’asseoir sur les tribunes en bois.
Grâce à ce film, on découvre des disciplines olympiques aujourd’hui disparues comme le ski jöering, une course ultradangereuse de chevaux sur une piste glacée dans laquelle l’animal attelé tirait un skieur. Dans l’épreuve du ski de fond (sur 50 km), on voit des sportifs venus du nord de l’Europe et du Japon batailler dans une poudreuse légère sous un soleil de plomb. Leur ski était relié à leur chaussure en cuir par un simple lacet.
Pour les connaisseurs du sport, Arnold Franck a filmé Sonja Henie. Les commentateurs et son public l’appelaient «la reine de la glace «. La jeune Norvégienne a révolutionné le patinage artistique en s’inspirant des chorégraphies de la danseuse de ballet russe Anna Pavlova. Elle est sacrée championne olympique à Saint-Moritz, puis en 1932 et en 1936. La voir danser sur la glace avec son sourire immuable est magique.
Ce film muet, accompagné d’une musique classique – et récemment rénové par le Comité international olympique –, est surtout un bout d’histoire à ne pas manquer.
«Le Stade blanc» sur Arte, mardi 4 février à 0 h 40