A son tableau de chasse, ce Hunter a accroché, entre autres, le scénario des Oiseaux de Hitchcock, quelques épisodes de Colombo, la série télévisée Hill Street Blues, largement inspirée des aventures du 87e district. Il parlait de l'histoire de ce commissariat, «lieu de crime et de châtiment», comme d'un seul grand livre dont les chapitres prolifèrent. C'est d'ailleurs à plus de cent millions d'exemplaires que ses romans ont essaimé dans le monde.
Le 87e district en deuil
Le prolixe Ed McBain est décédé à l'âge de 78 ans.
Quand il écrivait sur un autre thème que le commissariat qui a fait sa gloire, Ed McBain n'avait rien de plus pressé que de revenir à ce 87e district de la ville imaginaire d'Isola, double de New York, avec un roman de plus, une cinquantaine en tout. Des polars, il en a écrit plus de 100, sous toutes sortes d'identités, avant de mourir, à l'âge de 78 ans dans sa maison du Connecticut.
McBain est né Salvatore Lombino, le 15 octobre 1926 à New York. Son parcours est emblématique de l'Amérique de l'entre-deux-guerres: fils d'immigré, exercé aux petits métiers (il a vendu des homards), puis forçat de la plume. D'une expérience malheureuse de prof, il tire en 1954, Graine de violence, porté à l'écran par Richard Brooks. Lombino devient Evan Hunter (c'était le nom du collège ou il étudia), mais aussi Richard Martsen, Hunt Collins, etc. En 1956, il a le coup de génie de créer, sous le nom d'Ed McBain, non pas un héros, mais tout un commissariat avec ses flics, leurs méthodes, leurs états d'âme et de service. Le dernier, paru en français au début de l'année sous un drôle de titre: Le Frumieux Bandagrippe (Presses de la Cité, lire le «Samedi Culturel» du 05.03.2005), se déroulait dans le milieu du show business, où son sens des dialogues pétillants d'humour pouvait se déployer. Les inspecteurs Steve Carella, Meyer Meyer, Cotton Hawes et Hal Willis étaient comme les membres d'une famille que les lecteurs retrouvaient avec le même bonheur que l'auteur.