Cette semaine, douze glaçons géants ont commencé à fondre devant le Panthéon, à Paris. En fait, ces 80 tonnes de banquise sont venues tout droit du Groenland. Le projet Ice Watch, qu'Olafur Eliasson signe avec le professeur de géologie de l'Université de Copenhague Minik Thorleif Rosing, est un moyen spectaculaire de parler du réchauffement climatique. L'œuvre, déjà jouée l'an dernier au Danemark, a la beauté du diable. Elle rend tangible ce qui se passe trop loin.

Lire aussi : Le palais aux miroirs d'Olafur Eliasson

Ice Watch n'est qu'un projet artistique parmi des milliers censés réveiller les consciences écologistes de l'humanité. La perspective de la réunion mondiale de chefs d'Etat et d'experts pour la Cop21 les a multipliés, depuis plusieurs années déjà. Deux organisations liant projets artistiques et engagement écologiste, COAL, pour Coalition pour l’art et le développement durable, créée en France en 2008, et Cape Farewell, fondée en 2001 par le photographe britannique David Buckland, ont créé ensemble un site internet qui tout à la fois répertorie et labellise les centaines d'événements proposés dans le monde. Encore quelque 150 sont prévus d'ici à fin décembre rien qu'à Paris.

Parmi ceux-ci, des expositions, des installations, des happenings, tout un programme qui a en grande partie échappé aux contraintes de l'état d'urgence. Il faut dire que certaines propositions, comme la très percutante et hypnotique chorégraphie Umwelt de Maguy Marin, de 2004, reprise au Théâtre de la Ville, entrent simplement dans les programmes de saison des institutions.

Générateur d’énergie humaine

Yann Toma, grand prêtre de l'installation participative, revendique «la plus grande œuvre d'art participative jamais réalisée». Du 6 au 12 décembre, un générateur d'énergie humaine comptabilise l'énergie calorique produite par 75 millions de sportifs dans le monde, grâce à l'application Runstatic, et l'énergie cognitive produite lors du sommet de la Terre, par le décomptage des tweets générés par la COP21. Tout cela pour faire de la Tour Eiffel le «symbole mondial de l’engagement climatique».

Lire également : Suivons les artistes

Participatif aussi le projet de l'Argentin Tomas Saraceno, sur tous les fronts dans cette vaste participation artistique à la Cop21. Il est présent aux «Quartiers généraux de la culture» à la Gaieté lyrique. Il organise aussi, ce dimanche, un symposium au Palais de Tokyo. Il y sera question de circulation d'énergies, avec notamment l'idée de développer une «science civique» qui faciliterait la porosité entre les domaines d'expertises. En marge des discussions, se construira un vaste ballon susceptible de gonfler et de s'envoler, chauffé par le soleil. Il est fabriqué à partir de milliers de sacs en plastique que les visiteurs du Palais ont été invités à apporter ces dernières semaines.

Amoureux des araignées et de leurs toiles – toute une partie de son art est basée sur cette passion – Tomas Saraceno veut stimuler de nouvelles manières d'habiter le monde ensemble. Son symposium suit aussi la présentation, sous la nef du Grand Palais, d'une sculpture aérienne, développement de son «work in progress» Aerocene. Ces bulles géantes se baladent au-dessus des stands de la grande exposition multidisciplinaire qui se tient là jusqu'au 10 décembre.