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Auguste Veillon, un peintre suisse entre Orient et Occident

L’eau des lacs, des fleuves et de la mer forme le fil continu des peintures et des voyages du peintre suisse Auguste Veillon. Le Musée de Pully lui rend hommage

 Auguste Veillon, «Plaine de Carthage, Tunisie», huile sur toile.  — © Robert Hofer / Association pour l’œuvre du peintre Auguste Veillon
Auguste Veillon, «Plaine de Carthage, Tunisie», huile sur toile. — © Robert Hofer / Association pour l’œuvre du peintre Auguste Veillon

Né à Bex, Auguste Veillon (1834-1890) se forme à Genève auprès du grand paysagiste François Diday (1802-1877), dont on retrouve les accents romantiques dans quelques tableaux présentés au Musée de Pully. Rapidement toutefois, Veillon développe dans le paysage un langage pictural très différent, décrivant avec poésie et simplicité une Suisse arcadienne. Ses montagnes rayonnent sous un radieux soleil d’été. Ses lacs accueillent de jolies voiles qui, paisibles, glissent sur des eaux lisses. Une nature et une peinture sereines, silencieuses, aux teintes délicates, aux ciels amples, aux eaux douces voilées par la brume du couchant ou du levant. Les plus beaux lacs de Suisse, les plus célèbres sommets, y sont représentés, de même que l’Oberland bernois ou les vallées de l’Engadine.

© Musée de Pully
© Musée de Pully

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Un grand voyageur

L’artiste est aussi un grand voyageur. Attiré par des horizons plus lointains (les Pays-Bas, Rome, Venise, Damas, Constantinople, l’Egypte, Jérusalem et la Palestine), il n’hésite pas à embarquer femme et enfants dans ses expéditions, à une époque où la démarche ne manquait pas d’audace. Sensible aux charmes de l’Orient, il reste cependant fidèle et attaché à certaines «formules» élaborées face aux paysages alpins, modulant ici ou là quelques motifs récurrents. Veillon construit ses compositions, invente – en partie au moins – ses paysages. On y retrouve régulièrement le soleil couchant, les voiles gracieuses d’une barque ou d’une felouque, et de grands ciels somptueux. Un même calme, une même douceur, habite l’Occident comme l’Orient. Des paysages idéalisés, épurés de toute trace de modernité, où l’artiste se concentre sur les effets de lumière et d’atmosphère, et dont le succès l’a sans doute porté à se répéter quelque peu.

© Robert Hofer / Auguste Veillon / Collection privée / Musée de Pully
© Robert Hofer / Auguste Veillon / Collection privée / Musée de Pully

La dernière salle de l’exposition fort élégamment orchestrée par les commissaires Laurent Langer et Marie Rochel laisse toutefois apercevoir un «au-delà» de Veillon. Plusieurs tableaux attestent en effet d’une impulsion nouvelle dans les dernières années de la trop courte vie du peintre. Sa palette diaphane s’enrichit de contrastes, ses sujets l’emmènent en direction de la peinture d’histoire, avec des figures plus présentes et l’introduction de thèmes chrétiens, parfois traités selon une iconographie originale ou seulement suggérés. Une toile superbe évoque ainsi l’agonie du Christ à Gethsémani, en montrant, non le jardin des oliviers, mais les hautes murailles qui enserrent la cité. Les grands cyprès renforcent les accents spirituels et dramatiques de cette œuvre étonnante qui témoigne de la profondeur du talent de l’artiste, et de sa capacité, trop tôt interrompue, à se renouveler.

Lire finalement: Auguste Veillon, le peintre du lac moins connu


«Auguste Veillon – Voyages au fil de l’eau», Musée d’art de Pully, jusqu’au 18 juin. Retrouvez  tous les articles de la rubrique «Un jour, une idée».