A l'occasion de la 25e édition des Journées photographiques de Bienne, plongée dans le bouillonnement artistique d'une ville au dynamisme exemplaire.

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Arles, l’envoûtante vibrera cet été au rythme des 53es Rencontres de la photographie. Plus jeunes mais portées par une belle dynamique qui les voit depuis une dizaine d’années monter en puissance, les Journées photographiques de Bienne inaugurent ce week-end leur 25e édition. Qui a pour titre Recover, ou comment les images peuvent être un soutien salutaire aux processus de reconstruction et de réparation. Les propositions sont nombreuses et stimulantes, malgré des sujets difficiles.

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L’exposition phare est sans conteste celle du Bernois Reto Camenisch, qui dans le couloir du Photoforum présente Das vierte Drittel une die Poesie der Angst, un travail réalisé à partir de 2019, lorsqu’il a appris qu’un cancer le rongeait. Sur la première image qui accueille le visiteur, on découvre le casque de protection qu’il portait lors des séances de chimiothérapie. On dirait une relique, signe d’une époque révolue, comme le symbole d’une possible rémission. De son côté, le Nigérian Aàdesokan a choisi, à la suite du suicide d’un ami proche, de peindre des fleurs sur des assiettes qu’il a ensuite photographiées posées sur un châle appartenant à sa mère. Il se dégage de sa série Flowers for the Soul une douceur réconfortante montrant que oui, une reconstruction est toujours possible, que le tragique n’est pas une fatalité.

Une ville multiculturelle

D’autres projets sont plus ludiques. Dans Encounter, l’Italienne Silvia Rosi, née en 1992 en Emilie-Romagne de parents togolais, questionne la migration à travers les traces de son héritage africain. De son côté, dans une installation aménagée dans la vitrine d’un ancien kiosque, et d’ailleurs intitulée Büfe/K (i)!ösk, puisque ce mot est d’origine turque, le Belge Mikail Koçak se penche lui aussi avec humour sur ses racines, montrant notamment le making of filmé d’une photo de famille dans laquelle sa grand-mère pose avec ses frères et sœurs.

La force des Journées photographiques, c’est d’arriver à travers une multitude de propositions à faire sens, à opérer des résonances, à tisser des liens entre des artistes aux origines et pratiques diverses. Et à se promener ainsi dans les rues de Bienne, tandis qu’à Arles, il est écrasé et fasciné par le poids de l’histoire, le visiteur-voyeur découvre une ville multiculturelle d’une grande richesse architecturale. Une ville qui reste d’une certaine manière alternative, où les pratiques artistiques sont encouragées et célébrées. Il y a là un bouillonnement qui peut rappeler ce qui se passait ailleurs dans les années 1980-1990. Et plus qu’un retour en arrière, c’est une véritable vision d’avenir à l’heure où la culture souffre trop souvent d’une institutionnalisation plombante.