«Chaïm Soutine», un portait sur le banc des accusés
Beaux-arts
AbonnéEn 2017, une vingtaine de tableaux présumés faux ont été retirés à Gênes d’une exposition consacrée à Amedeo Modigliani. Après quatre ans d’expertises et de contre-expertises, le procès s’est ouvert cette année dans la capitale ligure

Voilà bientôt quatre ans que Chaïm Soutine est dans le noir. Parfois, alentour, des bruits de pas se font entendre, ou des voix indistinctes. D’autres fois, le grincement strident de roues le long des rails. Devant lui, derrière lui, d’autres personnages sont emprisonnés dans l’attente, eux aussi, de connaître leur sort. Nuit et jour, une question le tourmente: est-il authentique? La réponse le terrorise. Car si ses lèvres rouges et charnues, son long nez, ses yeux en amande, son teint orangé et ses lourdes mèches de cheveux noirs sur les oreilles n’ont pas été peints par Amedeo Modigliani, alors il sera condamné pour toujours à ce triste enfermement.