Photographie
En attendant des jours meilleurs et une possible ouverture au public, le festival parisien inaugure une édition virtuelle

Les amoureux du Centquatre-Paris seront déçus. Ces anciennes halles des pompes funèbres parisiennes, devenues un lieu palpitant de créativité et d’échanges, resteront fermées au public tant que le covid et le gouvernement en auront décidé ainsi. Mais le festival Circulation(s), lui, a bien ouvert ses portes, même si la 11e édition de ce rendez-vous dédié à la jeune photographie européenne se tient en ligne, pour démarrer en tout cas. Une multitude d’événements attendent les amateurs.
Une visite virtuelle des lieux permet d’approcher les 29 projets tout de même accrochés et concoctés par 33 artistes de 12 nationalités, avec un focus sur le Portugal. Parmi les jolies surprises – il y en a toujours à Circulation(s) – la série Il est déconseillé de se baigner dans un lac lors d’un orage, d’Anne-Sophie Auclerc, montre l’extase mêlée d’effroi de personnes qui viennent de sauter à l’élastique. Jesper Boot met, de son côté, en scène les membres de sa famille comme s’ils étaient des politiciens; ils sont criants de vérité tant les images montrant les puissants sont codifiées et immédiatement reconnaissables. Mais le fait de savoir qu’ils sont factices entraîne un questionnement sur la politique, son jeu d’acteurs et sa vacuité. Les décors du World Economic Forum et de la Maison-Blanche épinglés dans le salon familial font à la fois sourire et réfléchir.
Voyages extraterrestres
Un corps de femme gribouillé de traits colorés. Des jambes enserrées par de petites mains. A travers quelques photographies, la série Don’t look at me, de Karolina Cwik, évoque ce corps de femme qui ne s’appartient plus tout à fait lorsqu’il met au monde, cette frontière ténue entre accomplissement et sacrifice. Diplômés de la HEAD (Haute Ecole d’art et de design de Genève), Joanne Joho et Thomas Lopes ont imaginé les prospectus d’une agence de voyages dystopique proposant des voyages sur des planètes extraterrestres, là où les ressources et les paysages n’ont pas encore été abîmés. Les images de leur série All Inclusive ont été réalisées dans les Alpes et le Jura, professant que ces trésors-là pourraient devenir un bien rare et exotique. Au menu encore, des apparitions béninoises, un reportage en Irak ou des tirages développés avec l’eau d’une rivière polluée.
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Pléthore d’événements ont été pensés pour compenser – un peu – l’impossibilité de rencontres physiques au Centquatre-Paris. Chaque mercredi à 18h, Circulation(s) prévoit une rencontre en ligne sur une thématique avec des artistes et des spécialistes de la question. Et chaque jeudi à 21h, en collaboration avec le label InFiné, les artistes du festival partagent leur playlist. Pour le jeune public, le mercredi encore, les œuvres du festival sont présentées de manière ludique, avec des jeux et des activités permettant de découvrir la photographie. Le week-end du 11 et 12 avril, des lectures de portfolios – payantes – sont organisées sur inscription. Les 17 et 18 avril enfin, plusieurs événements surprises en live sont agendés. La bonne nouvelle, c’est que tout le monde peut en profiter… y compris de la Suisse!
Circulation(s), jusqu’au 2 mai en ligne, et dès que possible au Centquatre-Paris.