La double Constance
Intérieurs
Invitée par le Mudac, la designer française Constance Guisset présente ses créations à l’intérieur de deux appartements en miroir

Elle est allée à bonne école. Diplômée de Science Po, avant de finalement prendre la voie du design, Constance Guisset a administré pendant sept ans le studio d’Erwan et Ronan Bouroullec avant de lancer son propre atelier. Autant dire la panacée, la fratrie restant scotchée depuis quinze ans au palmarès des designers les mieux cotés au monde.
D’où aussi la variété de son champ d’action, qui embrasse aussi bien le mobilier que le design industriel, la bijouterie, la scénographie des arts vivants que l’objet ludique lorsqu’elle organise la rencontre en équilibre entre un couteau, une fourchette et une cuillère comme un hommage au mobile d’Alexander Calder.
Invitée par le Musée de design et d’arts appliqués contemporains, la designer française a eu carte blanche. Dans les salles du Mudac au pied de la cathédrale de Lausanne, elle a aménagé deux appartements en miroir, identiques donc, mais l’un meublé en couleur, l’autre avec presque les mêmes objets dans une palette qui se déclinent du noir au blanc. Une expo yin et yang dont la maquette est cachée à la sortie de la visite, planquée dans le linteau supérieur d’une porte.
Squelette de chapeau géant
Un principe double axé sur l’idée du mouvement – l’exposition s’intitule Anima – du spectateur entre ces univers et au rapport des objets à la couleur, élément central dans l’œuvre de la designer, et pas seulement pour des histoires d’esthétique. Au Mudac, la designer soulève ainsi la question du genre, lequel qualifie systématiquement de féminin un environnement coloré. Et, partant, de masculin lorsque les teintes virent au gris. Rien de tout cela chez Constance Guisset pour qui les bleus pervenche, les roses anglais et les jaunes citron ne sont pas des affaires de sexes, mais plutôt d’écosystème, de tempérament et de moment.
Sur tous les tons, il y a ici des objets célèbres. Des choses vues par-ci, par-là, mais dont on ignorait parfois qu’ils portaient la même signature. C’est le cas de Vertigo, suspension arachnéenne, sorte de squelette de chapeau géant qui prouve le goût de son auteure pour les structures graphiques et aériennes. Et que l’on retrouve dans sa chaise «Drapée» avec ses tiges d’acier qui partent de l’assise jusqu’au dossier. Une production poétique, marrante, intelligente mais aussi romantique, lorsque Constance Guisset se met aux bijoux. «Aimant» est un cercle en or dans lequel deux petites chaînettes s’attirent sans jamais se rejoindre. L’inconstance de l’amour.
A voir
«Anima», jusqu’au 15 janvier 2017, mudac, place de la Cathédrale 6, Lausanne, 021 315 25 30, www.mudac.ch