Technologie
AbonnéChacun peut désormais demander à un programme d’intelligence artificielle (IA) de produire façon Picasso le tableau de son choix. Alors que les images de synthèse se mettent à pulluler sur le web et dans les magazines, le milieu créatif se demande quel impact elles auront sur sa pratique

Dans ce numéro spécial du magazine T, toutes les illustrations ont été générées par différentes intelligences artificielles, assistées toutefois d’une intelligence humaine, celle du photographe lausannois Mathieu Bernard-Reymond.
Ce matin, en allant me servir un café, j’ai jeté un œil à l’écran de ma moitié qui insérait du texte dans le service en ligne de traduction automatisée DeepL. Au même moment, ailleurs dans le monde, un individu est probablement interrogé par des gardes-frontières parce qu’une caméra de surveillance reliée à un système de reconnaissance faciale l’a identifié comme un potentiel criminel. Dans quelques heures, à Hollywood, un producteur enverra un mail de refus à une jeune autrice, dont le scénario a été jugé commercialement peu rentable par le logiciel Vault AI, un service d’intelligence artificielle (IA) entraîné à reconnaître les préférences des spectateurs. Et dans deux semaines, quand cet article sera imprimé, vous découvrirez un magazine à l’iconographie produite avec le concours de générateurs d’images. Comme celles d’un algorithme, mes prédictions se révéleront peut-être inexactes et plombées par les stéréotypes, mais elles sont nourries de données factuelles: l’IA s’est installée, pour le meilleur et/ou pour le pire, dans nos vies connectées et surveillées.