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L’artiste Camille Henrot expose en solo pour la première fois en Suisse

A l’occasion de son exposition au LOK, Kunstmuseum Saint-Gall jusqu’au 5 novembre, l’artiste française évoque sa pratique et les influences qui la nourrissent

Pour cette exposition, Camille Henrot s'est intéressée à la dimension économique du soin, tout en cherchant à découpler cette activité de «care» de l’environnement familial, et du rôle des femmes. — © Joan Minder pour le magazine T
Pour cette exposition, Camille Henrot s'est intéressée à la dimension économique du soin, tout en cherchant à découpler cette activité de «care» de l’environnement familial, et du rôle des femmes. — © Joan Minder pour le magazine T

La voix est posée, très douce. Mais les propos sont sharp, comme disent les anglophones quand ils évoquent la précision extrême, tranchante, d’une conversation. Camille Henrot est française mais new-yorkaise d’adoption depuis plus de dix ans. Elle a beau s’excuser que lui viennent spontanément des mots anglais lorsqu’elle parle de son travail d’artiste, elle est en pleine maîtrise de ses moyens. Assises au milieu du LOK, Kunstmuseum Saint-Gall, encore en plein chantier, au milieu des caisses de transport et des œuvres à moitié installées, nous échangeons à propos des idées à l’origine de Sweet Days of Discipline, et les références défilent.

Fleur Jaeggy, écrivaine suisse à qui elle a emprunté le titre de l’exposition, d’après son récit de la vie d’une jeune fille dans un internat huppé en Appenzell. Silvia Federici, autrice féministe militante. Susan Suleiman, prestigieuse historienne américaine de la littérature française. La sculptrice Louise Bourgeois, une source d’inspiration inépuisable, depuis toujours. Marguerite Duras. François Morellet, grande figure de l’abstraction géométrique à la française. Ou dans un autre registre Alison Gopnik, professeure de psychologie et de philosophie à Berkeley, et brillante vulgarisatrice, à qui l’on doit notamment le best-seller Le Bébé philosophe. Voilà qui pose un cadre ambitieux. Le flux de la conversation nous amène aussi au cœur d’une galaxie de concepts. Mais jamais, absolument jamais cette érudition ne tourne à la pédanterie, ce qui pourrait sembler relever de l’exploit lorsqu’on aborde en si peu de temps des notions chargées comme le «capitalisme patriarcal», le «travail émotionnel», la «solastalgie» (forme de souffrance et de détresse psychique causée par les changements environnementaux) ou le «soin délégué», traduction de l’anglais plus usité «delegated care».

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