A Lausanne, la guerre en Ukraine faite de visages
Le photographe Alexander Chekmenev présente à la HEP Vaud sa série «Faces of War», magnétiques portraits de vies en sursis
A la Haute Ecole pédagogique Vaud (HEP), à Lausanne, les bourrasques s’engouffrent dans le sillage des étudiants. Elles font dangereusement trembler le portrait de Konstantin Momotov, 68 ans, posant dans sa maison sans eau, gaz ni électricité. Alexander Chekmenev se précipite alors au côté d’Alexandra Kaourova, commissaire avec Barbara Fournier de son exposition Faces of War («visages de la guerre»), pour décrocher l’instantané au goût d’éternité. Celui d’un survivant de Boutcha devenue le symbole des crimes de guerre commis par les troupes russes.
Comme le dépeint sobrement un texte jouxtant l’image, de jeunes fantassins russes surgissent alors que le voisin de Konstantin Momotov a été exécuté. Et le vieil homme de dialoguer: « Vous ne craignez pas de mourir? – Si, nous avons peur. – Alors, rendez-vous… – On ne peut pas!» Plus avant, l’œil détaille dans le couloir bordant la cafétéria scolaire Vladyslav Malaschenko, à la tête d’une boulangerie produisant gratuitement 300 pains par jour.