Paysages marins, perspectives, intérieurs, natures mortes, les œuvres de Léon Spilliaert (1881-1946) exposées à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne, dessinent, tableau après tableau, un rapport intense, mélancolique et passionné entre un homme et les lieux où il a vécu et rêvé. Ostende et la mer du Nord surtout, mais aussi les arbres des parcs de Bruxelles, des recoins d’ateliers, de boutiques, d’appartements, peuplés d’objets quotidiens. Pourtant, il ne peint pas sur le motif, il n’a rien d’un peintre de plein air. Recomposant ces lieux, Léon Spilliaert exprime à la fois un spleen et une solitude, tout en cherchant sans doute à retrouver les premiers éblouissements de son enfance: «Ce temps où tout m’apparaissait si neuf, si beau, si étrange»*, écrit-il dans une note de présentation du catalogue de la Biennale de Venise de 1920, qu’il rédige lui-même.