Les clichés ont la vie longue et on verra, régulièrement encore, la céramique associée au seul artisanat. C’est l’image familière du tour de potier, des milliers d’essais nécessaires pour maîtriser cette technique difficile. Il est ici question de tout autre chose, et le visiteur le percevra sans doute dès le premier instant. Ce qui s’impose, dès que l’on entre à Genève dans Migration(s) par exemple, c’est d’abord le foisonnement, la variété des formes, des textures, des procédés mis en œuvre. Rien de mécanique, mais plutôt un laboratoire d’idées et d’inventions. L’habileté manuelle est présente, mais les règles du métier sont aussi transgressées, dépassées, au profit d’une libre expérimentation de la terre. Ce qui affleure aussi, ensuite, c’est comme une tension présente à l’intérieur de ces œuvres, la tension d’une matière travaillée par un propos, par une réflexion, qui regarde certains enjeux fondamentaux de notre contemporanéité. Les artistes, en façonnant la terre, interrogent le monde et les destinées humaines qui s’y tissent.