Exposition
Le Musée d’art de la Suisse italienne accueille 43 toiles issues de la collection Gottfried Keller

Quarante-trois des plus grands chefs-d’œuvre du patrimoine national et provenant des principaux musées suisses. C’est le trésor que propose de découvrir le Musée d’art de la Suisse italienne (MASI) jusqu’au 28 juillet avec l’exposition Hodler-Segantini-Giacometti. En collaboration avec le Musée national suisse de Zurich et l’Office fédéral de la culture, le MASI présente des œuvres réalisées entre les XVIIe et XXe siècles – essentiellement des peintures – issues de la collection de la Fondation Gottfried Keller.
Le clou de l’exposition est sans nul doute le Triptyque des Alpes: la vie, la nature, la mort (1896-1899), de Giovanni Segantini, fameux pour sa luminosité et sa représentation de la vie quotidienne dans la vallée. Né à Arco sur le lac de Garde, mais Grison d’adoption (il a vécu en Engadine et a reçu la nationalité suisse à titre posthume), Segantini est mort d’une péritonite à 41 ans, avant d’achever la dernière de ces trois toiles. «Transporter ces énormes tableaux du Musée Segantini de Saint-Moritz, d’où ils sortent pour la seconde fois depuis 1899, a été un grand défi», souligne Francesca Benini, co-commissaire de l’exposition avec Tobia Bezzola, directeur du MASI.
Giacometti père et fils
Les deux autres pièces maîtresses de l’accrochage sont L’élu (1893-1994) de Ferdinand Hodler, une huile à connotation spirituelle figurant six anges symétriques ainsi que «l’élu», s’inscrivant dans la veine symboliste du Bernois, et une sculpture de l’artiste souvent considéré comme le Suisse le plus célèbre à l’international: Alberto Giacometti. Il s’agit d’un buste en bronze d’Annette, son épouse.
Parmi les autres pointures nationales sont à l’honneur Giovanni Serodine, artiste tessinois qui ouvre le parcours de l’exposition avec La Vierge des Mercédaires, Cuno Amiet, Max Buri ou encore Giovanni Giacometti, père d’Alberto, avec deux toiles lumineuses néo-impressionnistes: Enfants au soleil (1910), immortalisant trois de ses quatre enfants assis en cercle, nus dans l’herbe, et Le pont de Stampa (1907), représentation du Val Bregaglia, près de chez lui, dans les Grisons.
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Deux œuvres de Vallotton
Les Romands ne sont pas en reste. On peut notamment admirer deux Vallotton – Nature morte (1914) et Les ballons (1900-1902), montrant une foule en liesse dans une rue parisienne – ainsi qu’une interprétation futuro-cubiste, La fantaisie équestre de la dame rose (1913), de la Genevoise Alice Bailly, seule femme exposée. Citons encore Jacques Sablet, Louis-Léopold Robert, ambassadeurs du XVIIe siècle, de même que René Auberjonois et François Barraud pour le XIXe.
Fondée en 1890 par Lydia Welti-Escher, fille et héritière de l’industriel et homme politique Alfred Escher, et qui s’est suicidée à 33 ans à Genève, la Fondation Gottfried Keller possède une des collections les plus importantes d’art suisse du XIIe au XXe siècle. Ses 6400 œuvres sont déposées auprès d’une centaine d’institutions culturelles à travers le pays. Parallèlement à l’exposition de peinture du MASI, le Landesmuseum de Zurich accueille jusqu’au 22 avril une série d’objets appartenant à la fondation.
«Hodler-Segantini-Giacometti. Chefs-d’œuvre de la Fondation Gottfried Keller», MASI, Lugano, jusqu’au 28 juillet.