Le Temps: Vous avez un stand à Bâle en juin; en quoi est-ce important d’être également présent à Miami Beach?

Victor Gisler: Je faisais partie des membres du comité d’Art Basel et j’ai participé aux discussions concernant l’implantation de la foire aux Etats-Unis. Il n’y avait aucune autre ville qui fasse plus sens: Miami agit comme un hub entre l’Amérique du Nord, l’Amérique latine et la zone Caraïbes. C’est pour rencontrer cette clientèle que nous nous y rendons.

– Que présentez-vous cette année?

– Nous exposons les travaux de trois plasticiens d’Amérique latine – Michel Perez Pollo, Raul Cordero et Flavio Garciandia – ainsi qu’une sélection d’artistes bien établis comme John Baldessari, Matt Mullican ou Thomas Ruff.

– Il s’agit de la douzième édition d’Art Basel Miami Beach. Comment la foire a-t-elle évolué?

– En raison du 11 septembre 2001, la première édition de la foire avait dû être repoussée. Durant les années qui ont suivi, tout le monde a pris la température: quelques galeries firent le déplacement pour voir si cela pouvait correspondre à leur ambition, le management d’Art Basel évaluait la taille idéale que devrait avoir la manifestation et la majeure partie des collectionneurs venait encore d’Europe ou d’Amérique du Nord. L’intérêt général pour l’art contemporain à Miami était quasiment inexistant. En revanche, un certain nombre de résidents collectionnaient et étaient très motivés à l’idée qu’un événement planétaire autour de l’art s’établisse dans leur ville.

C’est ainsi qu’Art Basel Miami Beach est devenue la manifestation d’envergure que nous connaissons aujourd’hui. Un développement qui est allé de pair avec celui des pays d’Amérique latine. A leur tour, les collectionneurs issus de ces régions se sont mis à affluer dans la station floridienne.

– Comment s’adresse-t-on aux collectionneurs dont les références culturelles sont différentes de celles d’Américains ou d’Européens?

– Bien sûr, nous préférons discuter avec des collectionneurs érudits et cultivés. Mais à Miami Beach, l’offre culturelle est très différente de celle à laquelle nous sommes habitués en Europe… Le consumérisme décomplexé couplé à ce qu’on peut appeler le Latin factor: ça n’est pas la tasse de thé de tous les amateurs d’art! De nombreuses personnes se rendent à la foire parce qu’elles considèrent que collectionner de l’art, c’est cool. Mais peu de personnes comprennent de quoi il s’agit. Nous voulons aller à leur rencontre, leur expliquer pourquoi nos artistes font des œuvres de qualité. Nous faisons un travail d’éducation. Le manque de connaissances artistiques de certains visiteurs peut être énervant, mais il faut faire avec!