Le Musée des beaux-arts du Locle tient sa nouvelle conservatrice
Nomination
Les autorités locloises annoncent vendredi l’arrivée de Federica Chiocchetti pour succéder à Nathalie Herschdorfer à la tête du MBAL. Et font taire les rumeurs de fermeture ou de fusion avec le Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds

Le vide laissé par Nathalie Herschdorfer au Musée des beaux-arts du Locle sera de courte durée. L’emblématique conservatrice de l’institution, qui a contribué durant huit ans à accroître son rayonnement, a repris mercredi la direction de Photo Elysée, à Lausanne. Elle sera remplacée dès le 13 juin par Federica Chiocchetti, communiquent vendredi les autorités de la deuxième ville des Montagnes neuchâteloises.
De nationalité italienne, établie à Paris, la nouvelle venue affiche un palmarès qui lui a permis de se démarquer parmi 33 candidatures. Ecrivaine, curatrice, éditrice, elle est titulaire de trois masters obtenus à Milan et Londres (finance, édition, littérature comparée) et d’un doctorat en photographie. En plus de piloter des expositions depuis dix ans, elle a fondé la plateforme photo-littéraire Photocaptionist.
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«C’est une pointure, elle est vraiment sortie du lot. Et elle est très sympathique, je suis persuadé qu’elle s’intégrera bien aux équipes», indique au Temps le président de commune Miguel Perez (Les Vert·e·s). La compétition était pourtant rude, selon lui. «Nous avons reçu des CV de personnes très compétentes et d’horizons très différents, même de Hongkong!»
La nomination de personnalités externes à la région fait parfois grincer des dents dans les milieux culturels neuchâtelois. N’y avait-il pas de perle rare dans le canton? «Nous n’avons reçu aucune candidature locale, et très peu de la région ou du reste de la Suisse», répond l’élu.
Fermeture et fusion balayées
Cette annonce constitue un signal fort. Le départ de Nathalie Herschdorfer avait soulevé des interrogations concernant l’avenir du MBAL. Certains le voyaient déjà fermé, d’autres évoquaient une fusion avec son pendant chaux-de-fonnier. «Les PLR du Locle ont dit qu’il suffisait de ne garder qu’un conservateur pour les deux institutions, sans doute pour faire des économies de bouts de chandelle. Ils ne connaissent rien à la vie muséale», s’emporte Miguel Perez.
Un tel rapprochement n’aurait pas de sens, selon lui. Il rappelle qu’une fusion a été étudiée en 2014: «Elle se serait révélée plus coûteuse que le maintien d’entités séparées.» Mais surtout, les deux musées doivent conserver leur propre identité pour continuer à prospérer, assène le président: «Répliquer au Locle ce qui se fait à La Chaux-de-Fonds n’aurait pas de sens. Nous devons avoir une vraie personnalité.»
Nathalie Herschdorfer a su donner une envergure supra-régionale, voire internationale au MBAL, exposant notamment des œuvres d’Andy Warhol, Henri Cartier-Bresson ou Stanley Kubrick. Entre son arrivée et son départ, le nombre de visiteurs est passé de 1000 à 10 000 par an. Pas question pour Miguel Perez qu’il redevienne «un petit musée régional insignifiant». Il attend de Federica Chiocchetti qu’elle apporte de nouvelles idées pour maintenir et développer cet élan.
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Car, pour Le Locle, ce n’est pas qu’une affaire de musée: «Ceux qui ne connaissent pas notre ville ne cessent de la décrier. On a un tel déficit d’image… C’est malheureux. Le MBAL nous donne une aura, il change la manière dont notre région est perçue.» Catégorique, l’élu martèle qu’il n’a jamais été – et qu’il ne sera jamais – question de fermer ce musée: «Il en a vu d’autres au cours de ses 160 ans d’existence.»
Transition en douceur
Malgré ses moyens réduits, sa santé financière est excellente, poursuit-il. «Evidemment, si nous devions assumer seuls son fonctionnement, ce serait compliqué. Mais son association de soutien récolte chaque année environ 250 000 francs. Il ne coûte donc pas très cher à la collectivité.»
Federica Chiocchetti arrivera prochainement en Suisse, pour rencontrer ses collaborateurs. Elle prendra ses fonctions à temps partiel jusqu’en fin d’année, le temps de terminer ses mandats parisiens et de trouver un logement dans la région. La transition se fera en douceur, conclut Miguel Perez: «Une exposition est prête pour cet automne, tout le monde sait ce qu’il doit faire, le terrain est bien préparé.»