Le photographe romand Marcel Imsand est décédé
Carnet noir
L'artiste originaire de Fribourg, connu entre autres pour ses portraits intimes d'artistes renommés, est décédé à Lausanne samedi. Il avait 88 ans

Le photographe Marcel Imsand est décédé samedi à Lausanne à l'âge de 88 ans, a indiqué dimanche à l'ats son ami et éditeur Bertil Galland. Son décès intervient peu de temps après la mort de sa femme. «Il s'est laissé mourir», a ajouté M. Galland.
Marcel Imsand était considéré comme l'un des plus célèbres photographes suisses. Portraitiste et poète de la lumière, il pratiquait le reportage social et journalistique, et collaborait régulièrement avec les artistes, suisses et internationaux, qu'il capturait en noir-blanc.
Il laisse derrière lui quelque 50 livres, dédiés à la Fête des Vignerons, aux paysages vaudois ou, plus récemment, à la chanteuse Barbara dont il était à l'époque le photographe quasi-officiel, comme au chorégraphe Maurice Béjart, qui l'avait accueilli dans ses studios où s'élaboraient les ballets.
En décembre 2016 encore, la Fondation Gianadda exposait les plus célèbres clichés du photographe. Une rétrospective qui n'était de loin pas son premier passage à Martigny, puisque Marcel Imsand entretenait une amitié solide avec Annette et Léonard Gianadda, auxquels il offrait régulièrement des œuvre, et était régulièrement sollicité pour immortaliser les vernissages et autres évènements de la Fondation.
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Homme intègre, patient et discret, cet artisan avait confié, lors d'un entretien à l'ats: «Je me suis toujours senti un homme dans la vie et non un photographe dans la vie».
Une figure majeure
Pour la directrice du Musée de l'Elysée à Lausanne, Tatyana Franck, son décès «est une grande tristesse. C'est une des figures majeures de la scène photographique suisse qui s'en va».
Cet homme était «un poète, un autodidacte au regard empreint d'humanité. La photographie est en deuil», poursuit-elle. Ses archives sont déposées au Musée de l'Elysée. «Dans le futur bâtiment, nous pourrons davantage mettre en lumière notre patrimoine», promet-elle.
«Il restait simple»
Fils d'ouvrier et d'une employée de chocolaterie, Marcel Imsand est né le 15 septembre 1929 à Pringy, dans la Gruyère fribourgoise. Il choisit un apprentissage de mécanicien de précision à St-Aubin (NE) et exerce sa profession dans divers ateliers. A 35 ans, marié, père de trois enfants, il prend le risque de vivre de la photographie pratiquée en autodidacte. Il s'établit au cœur de Lausanne.
Marcel Imsand était «pour moi un aussi bon papa qu'il était un grand photographe», raconte sa fille Marie José Imsand Popescu. Elle aimait son humilité et sa simplicité. «Il avait cette capacité à s'approcher des autres. Des plus pauvres aux plus riches», explique-t-elle dimanche à l'ats, au lendemain du décès de son père. Il restait simple, souligne sa fille artiste et auteure. «Et il nous a transmis cela. Il tenait à ce que nous restions nous-mêmes».
Grand-papa de cinq petites filles, Marcel Imsand était habité par la tristesse depuis le décès de sa femme en septembre dernier. «Il l'avait remerciée car avec personne d'autre il n'aurait osé se lancer dans la photographie en indépendant. Elle était très sensible à la beauté et l'a toujours soutenu».