C’est un défi qui prend la tête des designers depuis des lustres. Comment dessiner la chaise d’école parfaite? L’objet doit résister à tout et être bon marché à produire, doit répondre aux normes drastiques de sécurité et être facile à entretenir. A la fin des années 1940, Jean Prouvé l’avait conçu simple et solide, rattaché à un pupitre en bois et en acier. Konstantin Grcic, en 2012, l’imaginait large et ouverte pour laisser les enfants s’ébrouer. Du côté de Londres, Edward Barber et Jay Osgerby ont travaillé sur cette sale habitude que des générations d’élèves cultivent depuis que Charlemagne a inventé l’institution scolaire: la manie de se balancer.

En 2008, le duo de designer anglais créait Tip Ton (du nom de la première ville où l’objet a fait ses classes), la chaise sur laquelle on peut aller et venir sans se casser le nez. Esthétique et pratique, le meuble va rencontrer un énorme succès qui dépassera de très loin le seul cadre de l’instruction publique britannique. Et imposer Barber & Osgerby dans la liste des designers qui compte. Au point qu’en 2012, c’est à leur studio que revient la charge, après concours, de dessiner la flamme des Jeux olympiques de Londres. Leur tube en résille d’aluminium dorée traverse l’Europe sous les yeux des milliards de téléspectateurs qui lui trouvent un air de ressemblance avec un cône glacé.

Les deux Anglais sont les invités du prochain Design Days qui se déroule à Renens entre le 29 septembre et le 2 octobre. Leur style? Un mélange de simplicité et d’élégance qu’ils exercent aussi bien dans le domaine du design industriel que dans un mobilier griffé ou des pièces en édition limitée. Dès le départ de leur association, en 1996, Barber & Osgerby vont s’intéresser au design en matériau plié. Tabouret minimaliste, Flight Stool, leur première réalisation, est ainsi constituée d’une plaque de contreplaqué courbé.

A partir de 2004, la couleur fait son apparition dans leur production. La palette et le pli désormais combinés servent de credo aux designers londoniens qui revisitent parfois les archétypes du mobilier moderne quitte à flirter avec le vintage d’aujourd’hui. Leur chaise pour le De La Warr Pavilion construit en 1935 reprenait le rouge orangé des meubles originaux dessinés par l’architecte et designer finlandais Alvar Aalto. Cette année, Barber & Osgerby reprenaient la fameuse lanterne japonaise qui éclairait nos chambres d’adolescent. La boule en washi se dédouble et s’appelle Hotaru, le mot nippon pour la luciole. Plus qu’une lampe, une poésie de lumière, un haiku de papier.


A voir

Barber & Osgerby, conférence me 28 septembre à 18h, ECAL, 5 av. du Temple, 021 316 99 33, www.ecal.ch.

Design Days 2016, du 29 septembre au 2 octobre, Renens, programme sur www.designdays.ch.