L’annonce de la découverte a très vite fait le tour de la planète. Derrière la vitesse de sa propagation, il y a pourtant un long travail d’enquête et d’analyse. Il aura fallu aux experts trois ans de scrutations attentives de cet objet précieux, de passages répétés aux rayons X, d’observations têtues des pigments pour formuler la quasi-certitude de son authenticité. Les probabilités favorables sont, selon Stanley Wells, de 90%. La même éminence soutient que le restant, la part de doute, relève de l’impondérable, particulièrement incompressible dans tout ce qui a trait à la peinture.
Un scénario semble désormais à exclure pour toujours: ce visage ne sera plus celui de l’écrivain et poète Walter Raleigh, favori d’Elisabeth Ire, décapité le 29 octobre 1618 à la Tour de Londres. La famille Cobbe, qui possède le tableau depuis plusieurs siècles, y a longtemps cru. Il en aurait été ainsi pendant plusieurs générations encore si Alec Cobbe ne s’était pas rendu, en 2006, à une exposition temporaire à la National Portrait Gallery de la capitale d’Angleterre. C’est ici qu’il tombe nez à nez sur un autre portrait de Shakespeare, qu’on croyait réalisé de son vivant jusqu’à ce qu’une expertise infirme cette thèse. Cobbe y décèle pourtant des ressemblances troublantes entre les traits de ce personnage et ceux de son tableau. Très vite, il a l’intuition d’être le propriétaire de l’original et de se trouver face à l’une des multiples copies réalisées après la mort du dramaturge. L’appel à la rescousse des experts et les travaux d’investigation lui donneront raison.
Les passionnés pourront désormais se rapprocher de la représentation picturale d’un génie qu’on ne connaissait que très mal. Dès le 23 avril, son regard espiègle et son sourire à peine prononcé seront visibles à Stratford-upon-Avon, sa ville natale au centre de l’Angleterre. Encore faudra-il être sûr que Shakespeare a bien existé et n’était pas en réalité le diplomate élisabéthain Henry Neville. La thèse révolutionnaire qu’avance ces jours-ci l’historien Casson ferait perdre le plus important de ses trésors à la maison irlandaise d’Alec Cobbe.
Le tableau sera visible dès le 23 avril à Statford-upun-Avon, la ville natale de l’écrivain