Un îlot artistique au milieu des bombes, histoire de ne pas oublier que, malgré la guerre, l’art est toujours en vie. Le Centre social protestant de Plan-les-Ouates à Genève s’était déjà transformé en centre d’aide humanitaire depuis le 24 février dernier. S’il a toujours comme vocation d’apporter un soutien matériel aux réfugiés ukrainiens, il accueille aussi désormais une gigantesque exposition répartie sur les deux étages du bâtiment: A travers les épines – Art d’Ukraine.

La branche genevoise de la Société ukrainienne en Suisse est à l’origine du projet, explique Olena Neskorod, membre de l’organisation et curatrice de l’événement: «Nous avons fait un appel à projets sur des groupes de messagerie de la communauté ukrainienne. C’est comme ça que nous sommes entrés en contact avec Anna Luhovska, qui est devenue commissaire.» Diplômée de l’Académie nationale des beaux-arts et d’architecture de Kiev, la jeune femme a fui son pays au tout début du conflit. C’est elle qui a dessiné les immenses fresques qui colorent les murs du rez du bâtiment: «Il y en a trois: L’Evolution des défenseurs, Solidarité et Ame de l’Ukraine. C’est une manière d’évoquer à la fois l’histoire de notre peuple, sa culture ainsi que le soutien international dont l’Ukraine a plus que jamais besoin.»

La guerre à hauteur d’enfant

A l’étage, la parole est donnée aux enfants. Ballottés, chahutés, meurtris par des événements qui les dépassent, ils écrivent. Certains sont orphelins, d’autres ont vécu des scènes d’horreur, pourtant ils rêvent, comme tous les jeunes de leur génération. Au milieu de dessins de cavaliers, de nature ou de famille, des phrases à la candeur enfantine: «cette année, j’ai découvert l’existence de l’axolotl», «mon hobby c’est le groupe de théâtre», «j’aime beaucoup voyager».

La mission permanente de l’Ukraine auprès de l’ONU a également participé à l’exposition en proposant un parallèle entre des clichés de la Seconde Guerre mondiale et des images immortalisées durant ces dernières semaines en Ukraine. Des correspondances troublantes pour rappeler que la guerre n’est pas cette lointaine chose perdue dans les livres d’histoire. Une quatrième installation, Souls Scream –une carte du pays tachée de sang là où le conflit a été le plus meurtrier – était encore présentée lors du vernissage. Elle est actuellement exposée à Lviv et retournera très certainement ensuite à Plan-les-Ouates.


«A travers les épines – Art d’Ukraine», Centre social protestant, ch. de la Cartouchière 9, Plan-les-Ouates (GE), lu-ve de 12h à 16h et sa de 11h à 16h, jusqu’au 28 mai. Retrouvez tous les articles de la rubrique «Un jour, une idée».