Peintre de paysages, Yoki, alias Emile Aebischer, s’est fait connaître aussi en tant que peintre verrier, illustrateur et défenseur de cet art dans notre pays et au-delà (parmi mille autres images de lumière, il a réalisé des vitraux pour la basilique de l’Annonciation à Nazareth). Né en 1922 à Romont, cet artiste qui, après avoir été ouvrier dans une usine de verre, a fréquenté les ateliers de Germaine Richier et d’André Lhote a en effet participé à la fondation du Musée suisse du vitrail, aujourd’hui appelé VitroMusée, dans sa cité natale. Avec Alexandre Cingria et Gino Severini, Yoki a contribué au renouveau de l’art sacré, dont le vitrail, mais aussi la mosaïque et la tapisserie sont les fleurons.

Le peintre fribourgeois avait acquis à Courtaney un ancien moulin du XVIIIe siècle, qu’il avait restauré pour en faire son atelier. Auteur d’un ouvrage sur son ami, l’écrivain Georges Borgeaud avait relaté cette réaffectation: «Yoki à l’atelier du rez-de-chaussée peint dans la stricte lumière tamisée du jour, peut-être de la nuit, ces huiles, gouaches, aquarelles subtiles qu’il pend aux murs comme une soyeuse lessive de la mémoire…»

Styles multiples

Naturellement plus stylisés que les peintures, les vitraux offrent un dynamisme également lié à l’expressivité de la couleur vive, où les toiles, plus sereines, évoquent le pays fribourgeois, les jeux formels nés des surfaces enneigées diversement découpées ou des reflets changeants sur l’eau. D’autres peintures ou lithographies s’appuient sur le cubisme, voire une certaine abstraction, afin de faire chanter le réel d’une voix plus contrastée. Yoki est mort, mais ce chant – pouvoir enchanteur de l’œuvre – n’a pas de fin.