Scènes
AbonnéAndré Marcon et Gilles Privat enchantent dans la peau d’Estragon et de Vladimir. En s’attaquant à ce classique du XXe siècle, Alain Françon signe un spectacle magistral de tendresse et de noirceur vitale, à l’affiche jusqu’au 29 janvier

Ils sont pétris dans l’argile d’En attendant Godot. Le Français André Marcon et le Genevois Gilles Privat respirent, rêvent, clopinent, maraudent comme leurs personnages. Ils sont respectivement Estragon et Vladimir – Gogo et Didi pour les amis – ils ont épousé leurs carcasses, ajustés qu’ils sont à la langue de Samuel Beckett, ébréchés, saugrenus, désespérants, verts comme des moines défroqués, désarmants d’amour, grognons, grognards des tréteaux. Au Théâtre de Carouge, dans la mise en scène à fleur d’âme d’Alain Françon, ils sont merveilleux, tout comme Guillaume Lévêque, superbe d’impudence dans la peau de Pozzo, tout comme Eric Berger en Lucky.