Audit dévastateur aux musées de Genève: le directeur s’en va

L’audit sur les Musées d’art et d’histoire de Genève a été rendu public aujourd’hui. Demandé par la Ville de Genève suite à l’échec de plusieurs tentatives de réformes de l’institution, l‘audit mené par la société française Eurologiques dès fin 2008 est très sévère. Patrice Mugny, Conseiller administratif en charge de la culture à la Ville, qui présentait le rapport ce matin aux personnels des musées, a annoncé que son directeur, Cäsar Menz quittait ses fonctions aujourd’hui même suite à une proposition de l’intéressé faite en décembre 2008 déjà. Son successeur a été choisi hier. Son nom sera rendu public fin mai. Il entrera en fonction le 1er octobre. L’intérim sera assuré par Boris Drahusak, co-directeur du Département de la culture de la Ville. Quatre personnalités accompagneront le nouveau directeur dans sa tâche de réforme: Guy-Olivier Segond, ancien Président du Conseil d’Etat, Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Confédération, Jacques Robert, syndicaliste et Pascal Grenier, directeur de l’Institut d’histoire de l’art et muséologie de l’Université de Neuchâtel.

L’audit pointe un déficit de management («à la fois flou et indécis mais aussi arbitraire et non participatif») qui aurait abouti à «un degré alarmant de tension et de démobilisation au sein des institutions (Musée d’art et d’histoire proprement dit et ses «filiales» dont le Musée Ariana, le Cabinet des estampes, le Musée de l’horlogerie, la Maison Tavel et le Musée Rath.) Le défaut de gouvernance politique est également diagnostiqué. L’organisation des musées est décrite comme «féodale», morcelée en «fiefs concurrents». Le personnel et le budget global des Musées d’art et d’histoire sont disproportionnés et correspondraient à un musée doté d’un niveau d’attractivité 3 à 8 fois plus élevé. Les critiques sur l’offre muséale sont tout aussi dures: «un musée élitaire, sans repères civiques ni projet sociétal», «un modèle autarcique dépassé».

Cäsar Menz répond à ces critiques en 15 points argumentés. Le premier grief, selon le directeur sur le départ, est l’absence de proposition alternative concrète pour l’avenir de l’institution. Le rapport d’audit se bornerait selon lui à une critique «aussi excessive qu’injustifiée». Cäsar Menz rappelle qu’à l’inverse le «Programme pour un nouveau musée» élaboré par l’actuelle direction en relation avec le projet d’agrandissement conçu par Jean Nouvel constitue une «base pertinente pour le futur des Musées d’art et d’histoire».