Bafta, Grammy: dimanche, c’était le grand soir de tous les Awards

Récompenses Madonna en cosplay de gothic-lolita et Rihanna en meringue rose ont assuré le spectacle

Dimanche soir, c’était jour de parade de chaque côté de l’Atlantique. A Londres les 68e British Awards Film Academy (Bafta) récompensaient la production filmographique de 2014, deux semaines avant le grand raout des Oscars. Tandis qu’à Los Angeles, les Grammy Awards distribuaient leurs bons points à la musique mondiale.

Chez les premiers, Boyhood de l’Américain Richard Linklater repartait avec les prix du meilleur film et du meilleur réalisateur. Le film raconte la vie d’une famille américaine qui se déchire. Il a la particularité d’avoir été tourné sur douze ans, les acteurs, surtout les enfants, grandissant donc en même temps que se déroule l’action. Un objet visuellement phénoménal, mais à l’arrivée un poil ennuyeux, que le jury a donc ­préféré au Birdman d’Alejandro González Iñárritu, pourtant hypernommé. Un long-métrage époustouflant de maîtrise intégralement tourné en plan-séquence qui suit une ancienne gloire des films de super-héros cherchant sa voie sur Broadway. Avec un Michael Keaton magistral – lui aussi ex-Batman – qui campe l’acteur schizophrène dont la petite voix intérieure l’encourage à tout fracasser. Le film qui recevait samedi soir à Hollywood la consécration aux Directors Guild Awards reste malgré tout bien lancé sur la piste des Oscars.

A noter aussi qu’au Bafta, le match Stephen Hawking-Alan Turing a bien eu lieu. Lequel Hawking a finalement gagné contre l’autre génie mathématique anglais, casseur du code d’Enigma pendant la Deuxième Guerre mondiale. Une Merveilleuse Histoire du temps repart avec les Prix du meilleur film britannique, du meilleur acteur et de la meilleure adaptation. The Imitation Game interprété par le très convoité Benedict Cumberbatch, lui, quittait bredouille la cérémonie organisée à Covent Garden.

Chat à la voix triste

Aux 57e Grammy Awards, changement d’ambiance. Tapis rouge, photocall hystérique et tout le landerneau du show-business en représentation maximum: vous êtes bien sûr la côte Ouest. Grand gagnant de la soirée, Sam Smith, crooner anglais, looké comme un Teddy Boy des années cinquante, chante l’amour de sa voix de petit chat déprimé. Et dimanche soir, le petit chat a tout raflé (meilleure révélation de l’année, meilleur artiste pop, meilleure chanson de l’année et meilleur enregistrement).

Même si, à la surprise générale, c’est le Morning Phase de Beck (44 ans, autant dire une antiquité sur l’échelle de la célébrité) qui a été sacré meilleur album de l’année, tandis qu’Angélique Kidjo décrochait le Prix du disque World pour son Eve dédié aux femmes africaines. Contrairement au Bafta qui reste une cérémonie très policée, les Grammy sont aussi l’occasion pour les stars de faire prendre l’air à leur dressing.

Un défilé de mode de goût assez discutable qui aura vu Rihanna «enchoucroutée» dans une sorte d’énorme meringue rose, Pharell Williams persévérer dans le costard de scout chic – mais sans son chapeau clown – et l’Australienne Sia tenter le coup du clone capillaire de Sonia Rykiel. Reste Madonna qui a osé un étrange ensemble Givenchy. Un mix improbable entre le cosplay de gothic-lolita et la tenue de matador. Un peu comme si Christian Lacroix avait taillé les costumes de Fifty Shades of Grey .