Le canapé de Yasmina Reza
La Panne, vous l’avez peut-être lue à l’école. Elle emprunte à Kafka et au pessimisme de l’après-guerre. Le très ordinaire Alfredo Traps tombe en panne. Il est recueilli par des magistrats à la retraite qui, par jeu, instruiront bientôt son procès. Sur la sellette, quatre acteurs magnifiques, Christian Gregori, Gilles Tschudi, Armen Godel et Valentin Rossier lui-même. Autre ivresse, Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir. Dorian Rossel transpose à la scène le fameux film de Jean Eustache, La maman et la putain. L’amour s’y détricote à trois et ça marque.
La foudre, elle, tombera sur les deux couples réunis par l’auteur Yasmina Reza dans Le dieu du carnage. Les protagonistes bataillent sur un divan. La joute sera réglée par Georges Guerreiro et jouée notamment par Marie Druc et Valentin Rossier. Des fruits plus doux à présent. Ceux du clown et musicien Vincent Aubert qui rêvera sur La boîte à joujoux de Claude Debussy – pour les enfants, mais pas seulement. Ceux aussi du metteur en scène Didier Nkebereza. Il y a deux saisons, il montait avec délicatesse Iphigénie en Tauride portée par l’actrice Camille Giacobino. Cette même interprète sera sa Bérénice. «Plus je monte de pièces, plus j’ai envie de disparaître derrière les auteurs.»
L’esprit du jeu règne à l’Orangerie, ce lieu que le comédien Richard Vachoux ressuscitait en 1981 – une exposition retracera sa légende. On y devient papillon au gré des concerts qui s’y donnent. On y croise Alceste au bistrot. Les nuits y sont souvent plus belles que les jours.