Mais que se passe-t-il donc avec le Concerto pour violon de Beethoven au BFM? Le 17 septembre, Giuliano Carmignola donnait de cette célèbre partition une interprétation très déstabilisée en compagnie du Geneva Camerata. Méforme? Baroquisation incongrue? La question reste entière. Et voilà que mardi soir avec l’OCG, Tedi Papavrami, pourtant fin interprète au jeu d’une grande intensité intérieure, a lui aussi semblé emprunté dans ce fameux chef d’œuvre.

On connaît le jeu plein de rigueur et la sensibilité ardente du violoniste, qui tient les rênes de la passion d’une main sûre. Il s’est révélé là d’une insécurité musicale et technique surprenante. Dans les passages lents et lyriques, on retrouvait la fièvre maîtrisée de sa musicalité, sur des aigus brûlants. Mais l’articulation parfois irrégulière, les appuis marqués en fin de phrase, quelques effets de nuances déconcertants et une intonation flottante dans certains traits plus vifs, ou des lignes mélodiques exagérées, ont laissé une impression d’émotivité mal contrôlée.

Ce soir-là, la liberté, le rayonnement, l’ivresse et la grandeur n’ont visiblement pas passé entre Beethoven et Papavrami. Un sentiment d’autant plus étrange que lors de l’intégrale des Sonates donnée l’an dernier avec le pianiste François-Frédéric Guy au Temple de la Fusterie, l’accord était parfait.

Un long salmigondis sonore

Du côté de l’OCG et d’Arie van Beek, l’équilibre s’est par contre fait dans une cohésion, une souplesse et une rondeur retrouvées après une orchestration déconcertante de la Grande Fugue op.133 par Peter-Jan Wagemans. Si la modernité d’écriture de Beethoven ne fait aucun doute dans l’ouvrage foisonnant pour quatuor, cette version pour cordes, bois, cuivres et timbales laisse très songeur. Le mariage des timbres tourne vite à l’aigre. La pièce touffue en devient incompréhensible et les instruments se perdent souvent dans un long salmigondis sonore.

Quant à la commande de la Suite Révolutionnaire (et Catastrophale) donnée en création mondiale du même compositeur hollandais, les citations et l’hommage au grand Ludwig avaient des allures de farce. Airs de chasse, ambiance champêtre, volière frissonnante, course énergique et pulsatile, fugato débridé, genre Bernstein côté musique de film et Fellini pour le cirque: Beethoven en fut tout ébouriffé.