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De Bonnard à Giacometti, les ressources infinies du dessin

A la Galerie Alice Pauli, des travaux sur papier illustrent le dessin moderne et contemporain.

La galerie de dessins présentée en ce début d'année chez Alice Pauli à Lausanne s'est enrichie de croquis de Bonnard, collection privée venue de France, comprenant trente-trois esquisses de petites dimensions. D'un curieux Portrait hybride daté de 1888 à quelque morceau de paysage réalisé vers 1940 dans le Midi, cet ensemble documente la rapidité du trait, la justesse des situations et l'art du peintre de rendre, en quelques lignes, l'atmosphère d'un paysage – l'abondance du feuillage, un point de vue sur une petite place, l'espèce d'anonymat des Abords d'une ville.

A cet ensemble s'ajoutent d'autres groupes d'œuvres, trois grands dessins de Balthus, davantage composés, dessins préparatoires pour des tableaux qui déjà donnent, au-delà du classicisme, une idée de l'étrangeté de ceux-ci. Comme dans cette étude pour La Partie de cartes, crayon de 1947, où deux personnages penchés au-dessus d'une table, cernés de traits légers et nerveux, sont accompagnés d'un plus petit personnage au premier plan, petite fille ou lutin, qui semble diriger les opérations. Très travaillés aussi, les dessins de Giacometti montrant l'atelier ou le village de Stampa.

Les œuvres plus contemporaines, notamment de grands dessins au charbon de Giuseppe Penone, présentent une différence avec les classiques modernes: ici, le dessin est un mode d'expression en soi, il ne conduit à rien, il est traité comme un moyen unique de fixer une idée ou comme un instrument pour réveiller l'imagination. Les feuillages sont tracés à la manière de grappes, de gouttes, modules qui remplissent l'espace, créent une résille et captent le regard. Yang Jie-Chang, lui, frotte le fusain sur le papier de riz, jusqu'à dessiner en noir dense des signes sculpturaux.

Les plus beaux dessins, peut-être, sont les évocations géographiques et utopiques de Jaume Plensa (Indian Ocean, Atlantic Ocean, North Pole/South Pole), où les cercles concentriques emprisonnent un œil, l'œil du cyclone, le regard lourd et mélancolique de quelque entité marine.

Collection de 30 dessins de Bonnard, Balthus, etc. Galerie Alice Pauli (rue du Port-Franc 9, Lausanne, tél. 021/312 87 62). Ma-ve 9-12h30 et 14-18h30, sa 10-12h30 et 14-17h30. Jusqu'au 5 mars.