Hors des costumes
Détrompez-vous, car celle qu’on surnomme la «ceinture d’armailli» n’en est pas une. C’est simple, les armaillis n’en portent pas et optent à la place pour un foulard. En revanche, on retrouve les fameuses figures en laiton, en fer-blanc ou en argent sur leurs bretelles en cuir, leurs genouillères et les colliers de leurs animaux de rente. La transposition des mêmes motifs sur une ceinture ne date que du XXe siècle. Et on la doit aux selliers de la région, qui se transmettent les multiples techniques de cet artisanat depuis le XIXe siècle.
En effet, pour réaliser une seule pièce, des savoir-faire en sellerie, en orfèvrerie, en cisellerie, en gravure et en broderie sont nécessaires. Des compétences qui sont entre les mains de quatre personnes à Appenzell. Chacune a son propre style ou manière de dessiner les vaches, rosaces, fromagers d’alpage ou fleurs qui embellissent leurs créations. Depuis 1950 et l’essor du tourisme, la Chüeligurt est devenue un objet souvenir incontournable de la région.
En quête de ses origines
Mais son origine reste mystérieuse. «Chaque laitier alpin raconte sa propre histoire», résume Birgit Langenegger, conservatrice du Musée d’Appenzell, qui consacrera une exposition à ce sujet dès le mois de septembre. D’après ses recherches, une comtesse tombée sous le charme d’un collier de chien de montagne serait l’instigatrice de la première commande. Une autre théorie affirme qu’un sportif, s’inspirant des fameuses genouillères, s’est fabriqué une ceinture et a été repéré par un magasin de sport lors d’un camp de ski.
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Tandis qu’un sellier appenzellois estime que le créateur n’est autre que son grand-père. «C’était vers 1930 et il revenait d’Amérique avec cette idée: adapter le collier de chien pour créer un objet de mode», raconte Hampi Fässler. Il est vrai que ceux qui la portent ont des airs de cow-boys. «Son idée a été copiée par d’autres et commercialisée en masse, poursuit-il. Chez nous, tout est encore fait à la main et selon la coutume.»
L’intérêt suscité par les touristes de passage a permis le développement d’une série d’objets arborant les symboles de la culture des producteurs laitiers alpins, allant du porte-clés aux ronds de serviettes, en passant par les cendriers. «La vente de bretelles et de courroies de cloches ne permet pas de maintenir une sellerie», souligne la conservatrice. Ainsi, cet artisanat doit principalement sa survie à la demande croissante de souvenirs et d’accessoires de mode.