Comment peut-on décemment s'appeler Cedric the Entertainer (Cedric l'Amuseur)? Comme si Pascal Couchepin se renommait «Pascal the Minister» et, disons, Jean-Luc Bideau «Jean-Luc the Actor». Ridicule, n'est-ce pas? Et pourtant, Cedric the Entertainer est en train de faire une carrière plus qu'estimable sous ce nom. Dans Be Cool, la suite de Get Shorty d'après Elmore Leonard, il campe un producteur de gangsta' rap et de soul à la fois père de famille soucieux et agité de la gâchette. Malgré son apparente bonhomie, sa prestation muscle un peu cette comédie cynique sur le monde de la musique. Pas difficile quand, en face, les comédiens qui donnent la réplique semblent avoir suivi le titre du film jusqu'à l'absurde. Quand John Travolta, Uma Thurman, Harvey Keitel ou Danny de Vito jouent à «être cool», c'est plutôt l'aphasie générale.

Mais il y a Cedric, né Cedric Kyles à Jefferson City, Missouri, le 24 avril 1964. Cedric the Entertainer est évidemment le nom de scène qu'il a choisi au milieu des années 90. Histoire, sans doute, de se distinguer de l'autre Cedric, celui qui exerçait le métier d'assureur avant de se découvrir des talents comiques. Membre des fameux Originals Kings of Comedy immortalisés en 2000 par Spike Lee dans un documentaire (en compagnie de Steve Harvey, Bernie Mac et D. L. Hughey), Cedric a usé les planches, puis les plateaux de TV, pilotant même ses propres shows, avant d'intéresser le cinéma. Voix off pour dessins animés, comique de base pour humour black aux côtés d'Eddie Murphy, il est devenu respectable depuis peu: les frères Coen l'ont ameuté en 2003 pour figurer aux côtés de George Clooney dans Intolérable Cruauté.