En février prochain, le Fespaco fêtera son 50e anniversaire. Le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou a été lancé sous forme de biennale en 1969 et, depuis, il a beaucoup œuvré au soutien et à la diffusion du cinéma africain. A quelques centaines de kilomètres au sud-ouest de la capitale, Bobo-Dioulasso est, avec son million d’habitants, la deuxième ville du pays. Un million d’habitants mais plus aucune salle de cinéma.

Jusqu’à l’ouverture du Fespaco 2019, du moins, qui devrait coïncider avec l’inauguration du Ciné Guimbi, un lieu emblématique de la ville qui devrait achever la première phase de sa réhabilitation grâce à une campagne de financement participatif qui démarre ce vendredi sur la plateforme Ulule, dans la foulée d’une soirée de soutien organisée jeudi soir à Genève, au Théâtre Saint-Gervais. Parmi les ambassadeurs soutenant cette initiative, on trouve aussi bien l’intellectuel engagé Jean Ziegler que les comédiennes Aïssa Maïga et Sonia Rolland.

«Mini-plexe»

Derrière l’Association de soutien du cinéma au Burkina Faso (ASCBF), un réalisateur helvético-burkinabé: Berni Goldblat, auteur l’an dernier d’un beau récit initiatique, Wallay. Ouvert en 1957, le Ciné Guimbi était à l’origine un cinéma en plein air, explique-t-il. Eriger sur sa parcelle un «mini-plexe» comprenant deux salles de 324 et 174 places, ainsi qu’un café-restaurant, une salle polyvalente et des bureaux, est hautement symbolique à l’heure où le continent connaît, depuis l’avènement de l’industrie de Nollywood, au Nigeria, un vrai renouveau, avec dans de nombreux pays des films réalisés par des cinéastes africains pour un public africain.

Suite au rachat des 1400 m2 de la parcelle du Ciné Guimbi, l’ASCBF a confié le mandat de réhabilitation à l’Atelier Architecture Lalo, créé en 2001 par le Français Jean-Marc Lalo, concepteur de cinémas aussi bien à Tanger qu’à Abidjan, Dakar et même Kaboul. Face à l’ampleur du projet, celui-ci a été divisé en deux phases, la première comprenant la construction de la plus petite des deux salles, du café-resto et des bureaux. Suite à une première levée de fonds publics et privés en Suisse, France et Belgique, de même qu’au Burkina, la campagne de financement participatif actuelle, qui s’achèvera le 16 juillet, vise la collecte des 50 000 euros encore nécessaires à la finalisation de quelques éléments architecturaux, comme une charpente métallique, ainsi qu’à la mise en sécurité du bâtiment.

Le Ciné Guimbi, ce sera plus qu’un cinéma, promet Berni Goldblat. Implanté au cœur de Bobo, il sera aussi un centre culturel, un lieu de rencontres, d’échanges et de débats. Si cette première phase s’achève comme prévu avec une inauguration en marge du Fespaco, la seconde devrait aboutir à l’ouverture de la grande salle en 2020.


Infos sur le site www.cineguimbi.org.