Avec un peu d'avance, Christoph Schaub propose un avant-goût de ce que sera certainement le réveillon de la Saint-Sylvestre pour certains d'entre nous. Solitaire, alcoolisé, festif ou catastrophique, au choix. Happy New Year est l'une des rares tentatives de «film choral» en Suisse, encore plus rares avec une portée commerciale et universelle avouée comme ici. Une figure de style plutôt originale et réussie, qui réunit avec tendresse cinq histoires sous le même thème intemporel qu'est l'amour un soir de premier de l'an. Après le documentaire d'architecture Bird's Nest - Herzog & De Meuron in China, revoici donc Schaub sur son autre terrain de prédilection: la comédie dramatique, déjà abordée avec succès dans Sternenberg (2004) et Jeune homme (2006). Efficacement soutenu par son producteur Marcel Hoehn, ce membre éminent du comité conseil de la Fondation zurichoise du cinéma surprend une fois de plus en changeant de fond et de forme.

Le Temps: Dans «Happy New Year», chacun cherche son bonheur. Ou plutôt «son chat», comme l'aurait dit le réalisateur français Cédric Klapisch...

Christoph Schaub: J'aime beaucoup Cédric Klapisch et son Auberge espagnole notamment. Je crois que tout le monde cherche l'amour, en un sens, car ce n'est pas tous les gens qui sont capables de vivre ou de connaître le bonheur. Les personnages de mon film ont tous le désir, le rêve de trouver un jour cette notion d'amour. Chercher l'amour, c'est le devoir de toute une vie. Que l'on soit jeune ou retraité, la vie est remplie du thème de la solitude, de l'amour et de la quête d'une relation profonde qui t'apporte le bonheur. L'être humain fait tout pour ne pas mourir seul.

- Votre film traite d'un sujet universel, cela lui donne une portée commerciale, voire internationale. Etait-ce voulu?

- Je voulais faire un truc différent, pas une comédie classique suisse qui traite de problèmes suisses classiques. J'ai voulu faire quelque chose de plus universel et donc international. Quelque chose d'un peu plus compliqué aussi au niveau de la dramaturgie. J'ai cherché le défi et j'aime ce genre de films, plus grand public où il est possible pour le spectateur de choisir entre telle ou telle histoire, de trouver une histoire plus émouvante que l'autre, etc. C'est une conception un peu démocratique du cinéma. Car en Suisse on cherche toujours un peu la démocratie, non? Si on est jeune, il y a une histoire pour les jeunes, si on est vieux, etc. Il y a une histoire pour chaque génération. Avoir son opinion, c'est ce que je trouve amusant.

- Vous alternez entre documentaires et fictions. Un de ces formats a-t-il votre préférence?

- J'aime les deux mais cela dépend beaucoup de l'étape de la vie à laquelle on se trouve. Ce que j'aime dans le documentaire, c'est la qualité du travail: on peut entrer dans différentes cultures, on voyage, on rencontre des gens intéressants, différents. Mais actuellement, je préfère la fiction. C'est plus intéressant, exigeant et inventif, même si c'est un travail plus fermé.

- Plus solitaire aussi...

- Oui. C'est plus dur pour moi mais j'ai l'avantage de faire les deux. J'aime avoir une alternative, changer de thème, de genre, de fiction. Je n'aime pas me répéter, faire deux fois la même chose.

- Ressentez-vous les prémices de la crise financière actuelle?

- Il est trop tôt pour répondre à cette question. Les impôts vont probablement baisser, les banques, elles, ne vont pas en payer beaucoup: il y aura un manque d'argent pour la Confédération. Il y aura alors des discussions pour définir une priorité. Et en général, la culture n'en est pas une, de priorité. Par ailleurs, peut-être suis-je cynique mais pendant les crises il y a plus de spectateurs dans les salles et l'audience monte. Le ticket de cinéma revient moins cher qu'un repas au restaurant ou un concert, les gens remplacent des sorties plus onéreuses. Enfin, c'était comme ça dans les anciennes crises, mais je ne suis pas un économiste...

- Pensez-vous que les aides pourront être gelées?

- Pour le crédit cinéma, la Confédération peine à sortir 2 millions alors que pour les banques, elle peut sortir des milliards. Tout ça pour rembourser les fautes des autres. Cela m'a un peu fâché. Autrement, je n'ai pas peur pour les diverses fondations de cinéma. Elles bénéficient d'une bonne construction que la crise ne met pas en danger.