Cinquante ans de communication humanitaire
un jour, une idée
La galerie genevoise Humanit’Art célèbre le jubilé de Médecins sans frontières à travers une exposition d’affiches

Médecins sans frontières (MSF) a 50 ans. Créée à Paris en 1971, l’organisation non gouvernementale était à ses débuts dirigée par des hommes blancs européens, et dès lors portée par une vision parfois tiers-mondiste et post-coloniale de l’aide humanitaire. Depuis, la communication de MSF s’est totalement transformée, accompagnant les grands changements sociopolitiques de la fin du millénaire et l’émergence, ces dernières années, d’une nouvelle prise de conscience quant à la représentation des genres, des minorités et des personnes en détresse.
A Genève, la galerie Humanit’Art se penche à travers des affiches sur la manière dont l’ONG a au fil des décennies présenté son travail au grand public. Pour Françoise Duroch, responsable de l’Unité de recherche sur les enjeux et pratiques humanitaires (UREPH), un centre de réflexion interne qui travaille autant sur l’appui aux opérations que sur la sécurité, les campagnes et méthodes de communication ont accompagné l’évolution interne d’une structure qui compte aujourd’hui plus de 65 000 collaborateurs aux cursus et origines sociales et culturelles extrêmement variées.
Se détacher des stéréotypes
Sur les affiches les plus anciennes, beaucoup d’enfants noirs ou issus des pays dits du Sud. Au fil du temps, MSF a appris à se détacher de certains stéréotypes, comme celui du secouriste européen aidant un patient africain. «Car sociologiquement, ce n’est pas juste», insiste Françoise Duroch. Au début des années 1990, la guerre en ex-Yougoslavie fut un point de bascule, imposant l’idée que les victimes ne sont parfois pas si éloignées que cela. Est aussi venue l’envie de rendre les donateurs acteurs, d’éviter une approche culpabilisatrice, en insistant par exemple concrètement sur la finalité des contributions, comme cette affiche luxembourgeoise expliquant comment aider 700 Afghanes à accoucher dans des conditions décentes.
Malgré sa dimension rétrospective, l’exposition montre au final la prégnance des grands enjeux que sont encore et toujours l’accès aux soins et aux vaccins, les maladies négligées, les crises militaires et migratoires. Si la manière de parler du travail de MSF s’est transformée, ce travail de terrain demeure malheureusement, en 2021, aussi nécessaire qu’il l’était en 1971.
Retour sur 50 ans d’humanité, une exposition d’affiches de Médecins sans frontières, Humanit’Art, Genève, jusqu’au 23 décembre.