Martin Bélanger se raconte, donc, mais au pluriel. Comme en voie de recomposition. Dans sa bouche, dans son corps, ses propres mots, mais aussi ceux de Jacques Attali, polygraphe éclairé au service des princes, et ceux encore de Michel Houellebecq, l'homme qui a écrit La Possibilité d'une île. Ce titre-là va d'ailleurs bien à Martin Bélanger. Son Spoken Word/Body pourrait revêtir un caractère insulaire. Le sujet tourne autour de son île, en creuse la matière comme pour accéder à un filon secret.
La parole serait alors le ressort d'un mouvement. Une heure de performance en musique pour se rapprocher du fond de soi. «Je voulais savoir qui je suis quand je danse, comprendre aussi l'origine de chaque geste.» Martin Bélanger est ainsi: il s'adosse à ses doutes et avance. «Je suis un touche-à-tout. A 20 ans, j'apprenais le métier d'acteur. A 23 ans, ce qui est très tard, je me suis tourné vers la danse. Quel que soit le domaine que j'aborde, j'ai l'impression d'être un imposteur.»
A la sortie de Spoken Word, il arrive que des spectateurs lui tendent comme un miroir. «Ils me parlent de ce qu'ils ont vu et c'est comme s'ils me révélaient quelque chose de moi. La face cachée de la lune.»
Spoken Word/Body, Genève, Salle des Eaux-Vives, sa et di à 21 h (loc. 022/738 19 19; info@batie.ch)