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Critique. Mozart affadi et Haydn relevé par le Concerto Köln et Melvyn Tan

Lundi, au Victoria Hall de Genève, l'Ensemble Concerto Köln s'est

Lundi, au Victoria Hall de Genève, l'Ensemble Concerto Köln s'est métamorphosé au cours de la soirée grâce à un seul individu dans l'orchestre. Cet orchestre sur instruments d'époque a l'habitude de jouer sans chef. La pratique, courante au XVIIIe siècle, permet à chaque musicien d'avoir son mot à dire. Le danger, c'est de verser dans un compromis au nom d'un idéal démocratique.

Malgré son climat «Sturm und Drang» (orage et passion), la Symphonie N° 26 «Lamentations» de Haydn distille un sentiment d'ennui. Sonorité rêche et grisâtre, nivellement des perspectives: seul le «Menuet» retient l'attention par ses bizarreries. L'orchestre gagne en souplesse et en couleurs dans le Concerto «Jeunehomme» de Mozart. Melvyn Tan, au toucher fluide, au délié remarquable, cisèle ses interventions au pianoforte avec tact et sensibilité. Mais il enjolive les contours, verse dans un sentimentalisme suave, diminue le volume sonore et s'autorise des rubatos écœurants au sommet de certaines phrases («Andantino»). Ce Mozart sans aspérités, élégant quoique maniéré, demeure sage.

Puis voilà que le ton change. En seconde partie, un individu au physique robuste remplace la dame au premier violon. Tous, dans l'orchestre, suivent ses impulsions. Le Concerto pour pianoforte en ré majeur de Haydn brille d'un éclat mordant, Melvyn Tan laisse tomber ses fioritures pour adopter un jeu nettement plus musclé. Jusqu'au «Rondo all'Ungarese» qui ensorcelle le public. Le temps de faire deux révérences, il offre une Bagatelle de Beethoven en bis. La Symphonie en la majeur KV201 de Mozart dégage le même panache et la même verdeur. Malgré quelques couacs aux cors, tout y est: tonus, grâce, volupté.