Critique. Les Négresses dégraissent
Galvanisées par l'hybridation électronique de leur dernier album, les
Galvanisées par l'hybridation électronique de leur dernier album, les Négresses Vertes ont choisi, jeudi à Montreux, de proposer, en alternance plutôt qu'en interaction, musiciens traditionnels et manipulateurs d'électronique. A l'excellent trio marseillais Dupain, traduisant le folklore occitan dans un langage musical contemporain, succède ainsi l'électro-easy listening très tendance du Grand David. Mais le public n'a d'yeux et d'oreilles que pour les Négresses Vertes et leur famille nombreuse, de retour sur les scènes après une longue traversée du désert.
Lesquelles livrent un concert généreux et festif comme à l'accoutumée, mais qui laisse poindre une fragilité déconcertante sous les sourires et les vivats. Plus sobres que par le passé, les arrangements soignés du septet ne conservent de ses chansons que l'assise rythmique – groove efficace assorti de quelques pointes d'électronique discrète. Pareillement dégraissés, les couplets facétieux qui ont fait son succès se parent d'un seul coup d'atours funèbres. «Face à la mer», «Hey Maria» ou «Les mégots» se muent en complaintes d'amour et de mort, climat particulièrement prégnant à la lumière du parcours des Négresses, frappées en pleine ascension par la mort de leur chanteur principal. Huit ans plus tard, le travail du deuil longtemps repoussé semble s'effectuer enfin sous nos yeux, spectacle magnifique et dérangeant à la fois.