Publicité

Critique. Pertusi, le chant noble

Critique.

Un orchestre miniature, une jeune cantatrice côtoyant une vedette de la scène lyrique: le concert donné mardi soir à l'Opéra de Lausanne n'avait rien d'ordinaire. Organisé par l'association Pro Arte Lyrica, il convoquait la célèbre basse italienne Michele Pertusi et la mezzo-soprano Fleurange Bellomo Salomone, dentiste de jour, cantatrice de nuit, qui n'est autre que la fille du président de l'association.

Si l'on est forcément sur ses gardes quand il s'agit d'évaluer un talent soutenu par son entourage, il faut reconnaître que cette Lausannoise - suivie et conseillée par Teresa Berganza - est fine musicienne. Dotée d'un joli timbre, en particulier dans le médium, elle chante avec goût et sincérité. Mais est-ce suffisant pour dominer la scène? D'abord tendue, la jeune femme se tient sur ses gardes. La voix, tantôt fluide et lumineuse, tantôt raide, trahit des fragilités, notamment dans l'extrême aigu et certaines vocalises. A d'autres moments, elle lâche prise, gagne en confiance et en ampleur, se laisse porter par la complicité avec son partenaire, comme dans le très beau duo entre Isabella et Taddeo extrait de L'Italienne à Alger.

Michele Pertusi, de son côté, chante avec une noblesse exemplaire. La voix se pare de couleurs au fil du concert. Autant Rossini que Verdi («Mentre gonfiarsi l'anima» tiré d'Attila) le montrent au sommet de sa forme. Son legato, admirable, et son assise contrastent avec les hauts et les bas du Parma Opera Ensemble.