Musique
L’affiche du festival vaudois est révélée. Petit tour des forces en présence, multiples
Cully Jazz, dites 33
Musique L’affiche du festival est révélée
Pas facile, comme chaque année, de faire le tour du propriétaire. Une affiche comme celle du Cully Jazz, notamment pour cette 33e édition, est surtout un gigantesque terrain d’observation des musiques noires, blanches, gaies, tristes, binaires et ternaires, le fourre-tout majestueux des identités pulsées, la possibilité de ne pas choisir entre le très bon et l’excellent. Dites 33 et vous vous sentirez mieux, du 10 au 18 avril. Parce qu’il y a là de vrais thérapeutes, choisis de près par Carine Zuber, programmatrice en majesté qui quitte après cette édition le navire cuilléran (avec le président, Benoît Frund). Nouveau sang à venir, donc, même si Cully est d’abord une belle école de festival et que les nouveaux venus sont en réalité déjà là. Le principe: cette équipe-là n’aime pas seulement le jazz, mais tout ce qui guérit.
Marginaux sublimes
Comme le groove absolument imperturbable depuis les indépendances du Camerounais Manu Dibango dont les amours soul n’ont jamais mis en danger une vraie passion pour le timbre de Sidney Bechet. Beaucoup d’Afrique, bien entendu, dans cette affiche – c’est une des signatures de Zuber. Ablaye Cissoko, le Tunisien Anouar Brahem, le Cap-Vert de miel de Mayra Andrade et la plus belle voix du continent: celle du griot malien Kassé Mady Diabaté. Et puis pas mal de crapahuteurs insolites, de marginaux sublimes, d’investigateurs de l’impossible. Comme le fauve Dorian Wood, cou de taureau et voix d’angelot, dont il faut entendre le cabaret pansexuel. Erika Stucky, naturellement, une autre habituée des lieux qui vient ici dans une formation à sa démesure et un projet où les cordes se mêlent aux harmoniques des plateaux lointains. Ou encore Joshua Redman, vieux jeune lion, qui a toujours refusé son statut de sensation jazz pour mieux explorer des chemins de traverse.
Il y aura bien entendu beaucoup à découvrir ici. Comme la fille de Nina Simone, Lisa Simone, dont on promet la grande voix. Mais aussi le projet customisé de Stephan Eicher. Et les saxophones épileptiques de Guillaume Perret. Mais attention, frissons, il faudra réserver vite pour le concert de Piers Faccini et Vincent Segal, une des plus belles choses entendues cette année. Bref, de quoi, pour Zuber et Frund, partir tranquilles.
Cully Jazz Festival, du 10 au 18 avril.