«Depuis mon premier Wall Street, en 1987, beaucoup de choses ont changé. Nous ne sommes plus du tout dans la situation des années 80 où j’avais découvert, après mon film, que de nombreuses personnes s’étaient senties inspirées par le monde que je décrivais au point de se lancer dans une carrière à Wall Street.

Comme beaucoup de gens d’aujourd’hui, je suis moi-même un peu embrouillé: je ne pourrais pas dire avec certitude que le capitalisme fonctionne. Ce que je souhaiterais, comme tout le monde, c’est que des réformes sérieuses soient appliquées dans le domaine de la finance et de l’économie. Parce que c’est un peu comme si nous étions tous en état d’ébriété. En 1987, je croyais sérieusement que le capitalisme allait s’amender et s’améliorer. Mais ça a empiré. Qui gagne vraiment de l’argent actuellement? Les CEO et les professionnels de la finance. Mais les travailleurs n’en gagnent pas et il faudrait corriger cela. Depuis la crise de septembre 2008, ils ont prétendu faire un triple pontage, mais rien n’a été résolu. Je me demande combien de crises il faudra pour que le monde de la finance soit vraiment regardé enfin sous un angle nouveau.

Goldman Sachs, par exemple, n’investissait que dans des domaines qui leur permettaient de rapporter de l’argent, et à eux seuls. Ce qui n’est pas la fonction d’origine des banques. Mon père, qui était agent dans le secteur financier dans les années 40 à 60, travaillait moins pour lui-même que pour ses clients. C’est une notion qui a disparu: il n’y a plus de clients, à moins que vous ayez beaucoup d’argent.

Les ordinateurs ont tout changé: c’était tellement compliqué, pour les gens qui avaient la philosophie de mon père, de passer du papier et de la relation interpersonnelle au clavier, qu’ils ont été mis au placard. Une barrière totale s’est alors dressée entre les traders et les analystes. Ces derniers ont été absorbés par les départements production alors qu’ils étaient censés faire de la recherche. Les banques et autres sociétés d’investissement ont ainsi pu commencer à réécrire les renseignements à leur guise, quand ça leur chantait. C’est là que tout a dérapé.»

*Sortie le 29 septembre.