«Demain» permet de croire à demain
Cinéma
Tandis que le climat se réchauffe, Cyril Dion et Mélanie Laurent glanent aux quatre coins du monde des solutions aux problèmes écologiques menaçant l’humanité. Film optimiste, «Demain» rend l’espoir.

D’Armageddon en World War Z, de Volcano en Pacific Rim, on a souvent vu mourir la Terre au cinéma. Ces blockbusters apocalyptiques exorcisent notre angoisse du néant, nourrie par des documentaires comme Le Syndrome du Titanic, La 11e heure, le dernier virage, Une Vérité qui dérange, Nos Enfants nous accuseront…
L’heure est grave. Pour la première fois depuis son apparition sur terre, l’humanité affronte la possibilité de son extinction. Le réchauffement climatique menace les réserves vivrières, l’eau potable, la biodiversité, la paix sociale, la stabilité politique… Si nous ne modifions pas nos modes de vies, nous assisterons au probable effondrement des écosystèmes entre 2040 et 2100.
On peut fermer les yeux, boire pour oublier ou danser sur le volcan. On peut aussi décider d’agir comme Cyril Dion et Mélanie Laurent avec Demain. Dédié à tous les enfants de la terre, ce documentaire prolonge l’approche constructive entreprise par Coline Serreau dans Solutions locales pour un désordre global et renoue avec l’anarchisme non-violent de L’An 01 (1973), le pamphlet utopiste de Gébé – «On arrête tout et ce n’est pas triste».
Les deux cinéastes ont fait le tour du monde pour recenser quelques solutions aux dérèglements dans cinq domaines: l’agriculture, l’énergie, l’économie, la politique et l’éducation. Ils ont rencontré des gens extraordinaires comme Vandana Shiva ou Pierre Rabhi, défenseurs de la terre, l’urbaniste Jan Gehl, les économistes Rob Hopkins et Bernard Lietaer…
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Ils ont visité des jardins enchantés. A Detroit, 1400 fermes et potagers fleurissent sur les friches industrielles ramenant à la vie la ville sinistrée. En Normandie, un couple expérimente la permaculture, une approche 100% bio produisant proportionnellement plus que l’agriculture industrielle: la symbiose du basilic, de la tomate et de la vigne est un modèle d’harmonie, rappelant celle qui prévalait dans les forêts sauvages. Une ville britannique plante fruits et légumes dans ses moindres interstices…
A San Francisco, près de 100% des déchets sont recyclés. A Copenhague, les émissions de CO2 ont diminué de 40% en vingt ans et 67% des habitants n’utilisent pas leur voiture en ville. L’énergie solaire se développe «avec cet avantage que le soleil n’envoie pas de bulletins de versement»…
La société POCHECO produit des enveloppes dans le Pas-de-Calais; elle applique des principes écolonomiques qui, alliant toit végétalisé et égalité salariale, respectent l’environnement et le dialogue social. En Angleterre, la ville de Totnes frappe sa propre monnaie (des billets de 21 £!) permettant de relocaliser les richesses plutôt que de nourrir le capitalisme financier. L’aspiration à un monde meilleur resterait lettre morte sans un système éducatif adapté. Cap sur la Finlande et ses classes de quinze élèves pour deux enseignants. «Là on comprend qu’on est monstrueusement en retard», soupire Mélanie Laurent.
A travers les cinq sphères qu’elle a visitées avec Cyril Dion, la réalisatrice fait voir des lumières porteuses d’espoir. Demain permet de croire que demain peut exister.
Demain, de Cyril Dion & Mélanie Laurent (France, 2015), 1h58