Les enfants ont des dons certains pour l’art dramatique, un penchant naturel à la tragi-comédie. Certains soirs pourtant, leurs parents préféreraient assister à un spectacle joué par de vrais comédiens sur de vraies planches. Aller au théâtre. De plus en plus de lieux offrent cette possibilité aux familles en leur proposant une baby-sitter avec la représentation. Dernier en date, le théâtre Vidy, à Lausanne, organise ce service depuis septembre, en collaboration avec la Croix-Rouge vaudoise. Il suffit de réserver une nounou pour la soirée en même temps que l’on achète un billet. Le tarif est celui de la Croix Rouge – 9 CHF de l’heure, le deuxième billet est offert par le théâtre et le transport de la demoiselle ou du jeune homme est pris en charge par l’association caritative.

«Nous cherchons toujours à améliorer l’accessibilité de notre théâtre, souligne Corinne Doret Baertschi, chargée des relations avec les publics. Or, il n’est pas évident de continuer à aller voir des spectacles lorsque l’on a de jeunes enfants, pour des raisons de garde mais aussi pour des questions financières.»

Ce partenariat avec les baby-sitters de la Croix-Rouge a été conçu début 2007 par la salle de concert le Romandie, à Lausanne. «Les vieux de la vieille qui fréquentaient la Dolce Vita à l’époque se plaignaient de ne plus pouvoir venir à cause de leurs petits. Comme mon père dirige la section vaudoise de la Croix-Rouge, le contact a été facile…», note Julien Gross, responsable de la communication. Depuis, le CPO à Ouchy, la Comédie à Genève, le Théâtre du Casino et le Café-théâtre de la Grange, au Locle, ont suivi le mouvement. Les deux derniers lieux prennent en charge les frais de garde. «Le théâtre remet une enveloppe aux parents, contenant le salaire du baby-sitter. Ils n’ont plus qu’à la donner en rentrant et à ramener la personne chez elle. Cela marche très bien, nous avons environ trois demandes par représentation», se réjouit Lucienne Vogel, directrice de la section chaux-de-fonnière de la Croix-Rouge.

Autre formule, la garde dans les locaux-mêmes des théâtres – comme chez Ikea. Précurseur, l’Arsenic le propose depuis six ans pour les représentations du dimanche. «L’ancien directeur avait commencé ce projet car il possédait un diplôme d’infirmier, nous avons poursuivi avec une éducatrice de la petite enfance, explique Sandrine Kuster, directrice. La garderie fonctionne avec minimum trois enfants, nous les avons à chaque fois. Cela permet aux gens de venir en couple.» Les Terreaux, à Lausanne toujours, qui avaient lancé le même système la saison passée n’ont pas renouvelé cette année, faute de clients. «Le succès de ce genre d’opérations dépend vraiment de la programmation du lieu et donc de l’âge du public», analyse Lelia Trezzini, coordinatrice du programme à la Croix-Rouge vaudoise. Au Romandie par exemple, la demande varie selon le type de concerts. Les Youngs Gods, ainsi, avaient fait la joie des baby-sitters désargentés.