Deux studios genevois mettent de la vie dans des histoires en papier

Au dernier festival du film d’animation Fantoche, à Baden, certains festivaliers braquaient l’objectif de leur smartphone sur des affiches. Quatre grands dessins en format mondial, dispersés à travers la ville et développés par les Genevois de Transmii Studio. L’idée? Que chacune des scènes imprimées réagisse sur l’écran d’un téléphone portable. Alors, certains endroits de l’image s’animent, les personnages bougent et les bulles se remplissent, indiquant un détail caché ailleurs sur l’illustration. Lequel révèle un nouveau mot clé, la chasse au trésor se poursuivant ainsi de suite jusqu’à passer au poster suivant. «Comme une sorte d’Où est Charlie? à l’échelle de la ville», explique Baptiste Milési, créateur de cette chasse au trésor qui mêle une ancienne technologie (l’impression sur papier) et une toute nouvelle (l’application numérique). A la fin du parcours, pas de récompense, mais la satisfaction pour l’utilisateur d’avoir complété une aventure interactive en quatre épisodes.

Des phylactères sur Twitter

Cette littérature augmentée intéresse beaucoup de monde, même si le nombre de studios à s’y consacrer se compte sur les doigts d’une main. «On n’est pas très nombreux, c’est vrai. Les développements sont longs et coûteux. Et puis notre public reste confidentiel. Les gens ne sont pas encore habitués à cette forme de communication.» D’où l’intérêt de l’appliquer à l’événementiel pour mieux la faire connaître. Ou mieux encore, de l’adapter à la publicité. «Nous n’avons pas encore vraiment prospecté», reconnaît le cofondateur, avec son frère Julien, de Transmii Studio. «Mais ça vient. Le dessin de presse nous intéresse aussi. Je le verrais bien associé à un hashtag dont les phylactères changeraient en fonction des textes que les gens twitteraient.»

A l’adresse des Chemins du Net, Cassandre Poirier-Simon a inventé le Pillow Book, l’oreiller qui vous raconte des histoires pendant que vous dormez. En parallèle, cette designer en interaction installée à Genève développe elle aussi des hyperfictions à la marge entre le papier et le support numérique. En ce moment, elle planche sur La Terre de Luna, une série de livres associée à une application pour tablette pour sensibiliser les adolescents à des problématiques environnementales. Des sortes de dossiers scientifiques hyper améliorés et 100% ludiques constitués par des équipes de spécialistes et dont la trame narrative reprend le principe du livre dont vous étiez le héros. Ce qui fait dire à Cassandre Poirier-Simon que «les gamers sont plus réceptifs à ce genre de projet que les littéraires. Dans la BD, quelques auteurs s’y mettent aussi. Mais le découpage d’une bande dessinée imprimée est très différent de son pendant sur écran.»

Reste le terrain de jeu urbain. En Australie, l’artiste SUTU transforme l’espace public en grand livre ouvert en rendant vivants des graphes de street art. Les murs avaient des oreilles. Soudain, ils ont aussi une âme.

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