Jo Kaiat

Departures

(Erato 3984-29054/Warner)

Le pianiste de jazz Jo Kaiat décline sur un double album une invitation au voyage. Première destination: Delhi. Le clavier orientaliste lutine avec le violon de Johar Ali Khan et les tablas de Shabaz Hussain Khan. Jo Kaiat ne se disperse pas, son jeu demeurant d'une extrême densité. Le musicien français démontre, dans cette parcimonie, que la musique indienne ne se satisfait pas d'un lyrisme outrancier. Second départ, pour Bamako. La formule du trio est conservée, contribuant à la sobriété du dialogue. Un couple de percussions mandingues, le djembé et le doum doum, induit une pulsation à laquelle Jo Kaiat se soumet docilement. Cheick Fantamady Koné, esprit frappeur du Mali, entonne des chants que l'on imagine guerriers, avant de découvrir les traductions. Le livret évoque en réalité un lion mourant, une marchande endettée et des rencontres festives. Des thèmes simples, pour une musique qui ne l'est pas moins. Refusant tout artifice de studio, Jo Kaiat invente une world music qui frappe par son intuition. La pochette de l'album a beau multiplier les références au tarmac, cet opus itinérant n'a rien d'une musique d'aéroport.