Le principal responsable est un parti politique largement méconnu en Angleterre, mais qui est la clé de voûte de la majorité des conservateurs depuis 2017: le Democratic Unionist Party (DUP). Après d’intenses tractations, ce parti d’Irlande du Nord a décidé de s’opposer à l’accord. «Ces propositions ne sont pas, de notre point de vue, positives pour l’économie de l’Irlande du Nord et mettent à mal l’intégrité [du Royaume-Uni].»
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Rester dans le Royaume-Uni à tout prix
Pour comprendre comment un parti qui n’a que dix députés et n’a obtenu que 292 000 voix aux dernières élections législatives peut bloquer tout le processus, il faut revenir aux origines du DUP. Pour le premier parti unioniste d’Irlande du Nord, le Brexit n’est qu’une affaire annexe. Sa raison d’être est de rester dans le Royaume-Uni. Tout ce qui met en danger, même symboliquement, les attaches de Belfast à Londres doit être combattu.
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Le DUP est né en 1971. L’autoproclamé révérend Ian Paisley, qui avait créé sa propre Eglise presbytérienne quelques années auparavant, prend la tête de ce mouvement politique radical. Les violences se déchaînent alors depuis deux ans et l’IRA (Armée républicaine irlandaise) multiplie les attentats, demandant le rattachement de l’Irlande du Nord à la République d’Irlande.
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Droit de veto
De marginal fondamentaliste – il insulte un jour le pape, le traitant d’antéchrist, s’oppose à l’avortement et à l’homosexualité – Ian Paisley devient un personnage politique important. En 1998, sa formation est le seul grand parti à s’opposer à l’accord du Vendredi saint, qui met fin à la violence. Il faudra attendre une décennie de plus pour qu’il accepte de partager le pouvoir avec les républicains du Sinn Fein. Tenir bon, ne pas ciller sous la pression est dans l’ADN du parti.
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En 2016, le DUP soutient instinctivement le Brexit. D’abord parce que c’est ce que souhaite le parti frère, les conservateurs, ensuite parce que le patriotisme britannique lui est naturel. Son opinion n’a cependant guère d’importance jusqu’aux élections législatives de juin 2017. Mais l’échec de Theresa May à obtenir une majorité absolue lui offre une chance exceptionnelle. Le DUP accepte de la soutenir, lui apportant dix voix qui font la différence. Depuis, il dispose d’un véritable droit de veto, au moment même où le sujet de la frontière irlandaise est au cœur des débats. Il n’a certainement pas hésité à l’utiliser.