Même si les voies du jury sont impénétrables, il semble fort peu probable que Wes Anderson, qui revient pour la troisième fois en compétition à Cannes après Moonrise Kingdom (2012) et The French Dispatch (2021), accède enfin au palmarès. Car tout au long de ce onzième long métrage (suivra prochainement The Wonderful Story of Henry Sugar, une adaptation de Roald Dahl réalisée pour Netflix), il est au bord de l’auto-parodie, mettant tous ses tics narratifs et esthétiques au service d’une histoire dont on peine à trouver un quelconque intérêt.

Tout commence dans un studio de télévision puis sur une scène de théâtre. Un dramaturge nous présente les personnages de sa prochaine pièce, qui se déroule au milieu des années 1950 dans la ville fictive d’Asteroid City, où on ne trouve qu’un diner, une station-service et un motel louant des bungalows, mais qui est connue loin à la ronde pour son immense cratère créé par la chute d’une météorite le 23 septembre 2007 avant Jésus-Christ. Chaque année, à cette date, est célébré le Jour de l’astéroïde, avec notamment un concours scientifique pour adolescents. Mais ce jour-là, la routine va être contrariée par l’arrivée… d’un extraterrestre! C’est cette histoire dans l’histoire, cette pièce qui soudain devient film, que Wes Anderson va nous raconter, avec quelques retours dans les coulisses.

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Asteroid City est défendu par un imposant casting dans lequel on croise des habitués de l’univers pop et cartoonesque du cinéaste (Jason Schwartzman, Tilda Swinton, Edward Norton, Adrien Brody, Willem Dafoe, Jeffrey Wright), mais aussi des nouveaux venus (Scarlett Johansson, Tom Hanks, Bryan Cranston, Steve Carell, Matt Dillon). Mais leur plaisir à être là ne suffit pas à faire le nôtre. Passé les quinze premières minutes, avec ces plans savamment cadrés, ces lignes de fuite symétriques, ces décors de carton-pâte, ce ton décalé, ces écrans partagés et ces mouvements de caméra de gauche à droite pour insister sur les à-côtés, on se désintéresse donc totalement de cet argument fantastique pour finir par ne plus avoir à quoi se raccrocher. Et ce n’est pas la pseudo-réflexion sur la création qui sous-tend le récit qui arrivera à nous sortir de ce film certes visuellement très beau, mais absolument creux.