Genre: DVD
Qui ? Série créée par Olivier Marchal (2009)
Titre: Braquo
Langue: Bande originale: française (DD 5.1)
Chez qui ? Studio Canal

La mission de Braquo (terme d’argot pour un braquage) était claire: que la fiction policière française se hisse au niveau des Américains. On notera au passage le complexe que trahit cette vision des choses, qui imprègne pourtant les pensées de bon nombre de scénaristes de l’Hexagone – sans parler des médias. C’est réussi, a dit, parmi d’autres, Rue89 , pour qui «Braquo tutoie les séries américaines» – une preuve de qualité, donc. Après avoir quitté bruyamment la production de Flics – récente série de TF1, il est vrai consternante – Marchal, ancien policier et réalisateur de 36 Quai des Orfèvres, transpose son univers, très mâle, dans cette oasis de liberté que représente Canal+.

Le public a suivi, en masse. Diffusé jusqu’à lundi, le feuilleton a offert des records historiques d’audience à la chaîne. Il a même dépassé la septième saison de 24 Heures chrono. Tout un symbole: la TV française se paie enfin la tête des Américains, modèles maudits. Olivier Marchal a fait lui-même le parallèle, en disant à quel point The Shield (2002-2008), le drame de ripoux créé par Shawn Ryan, l’a influencé.

Braquo a surtout un effet déroutant. Sans conteste, le format de la série TV offre à Olivier Marchal la possibilité de décliner son obsessionnelle noirceur. En sus, il bénéficie du renfort, pour la réalisation de quatre épisodes, de Frédéric Schoendoerffer, auteur du marquant Scènes de crimes . Et il s’est trouvé un autre complice, pour incarner son personnage principal, qui porte à lui seul cette histoire: pas toujours comblé dans ses choix cinématographiques ou télévisuels, Jean-Hugues Anglade, ici, est saisissant.

La filiation avec The Shield paraît exacte, dans la mesure où l’auteur suit rigoureusement la même structure: le drame initial, suivi des vaines tentatives de l’équipe de flics pour se sortir de ce pétrin. L’intrigue se décline alors en une tragique accumulation de mauvais plans, enfonçant toujours davantage les protagonistes.

Dans le feuilleton de Shawn Ryan, la dégringolade commençait avec l’assassinat, par les héros, d’un collègue suspecté d’être un agent double. Chez Olivier Marchal, il s’agit de venger un ami, condamné à tort – pense-t-on – par la police des polices, et qui se suicide.

C’est peut-être dans ce détail apparent que réside le décalage. L’impression que toute la mécanique de Braquo tourne quand même un peu à vide. Les flics de The Shield se damnaient pour conserver leur situation, toucher le salaire qui nourrit leurs familles, ou juste pour ne pas perdre leur identité. Et durant sept saisons, les auteurs ont veillé à maintenir leur densité, même s’ils paraissaient objectivement haïssables. Dans la fiction de Canal+, le motif est d’emblée plus chevaleresque, situant ces durs au cœur sec sur un plan qui frise le cliché.

La variation ne manque pas d’attrait, mais la copie, même assumée, va à la fois trop loin tout en manquant un composant de base. Une touche d’humanité.